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Aujourd'hui
Ce mardi matin, le rendez-vous est fixé sur le parking Saint-Nicolas, à Saint-Benoît. Grégory Moutier descend de son véhicule accompagné de Damien, hébergé au foyer de vie de La Varenne. Le jeune homme d’une trentaine d’années, sourd-aveugle et diabétique, se balade une heure par semaine avec « son » accompagnateur à la vie sociale. Le professionnel, titulaire d’un diplôme d’Aide-médico psychologique, vérifie sur le trajet le taux de glycémie de Damien, le rassure lorsqu’il est inquiet, échange avec lui grâce à la langue des signes tactile qu’il maîtrise... « Cette balade lui fait du bien », commente sobrement l’ancien militaire et cuisinier. Une fois de retour au parking, Grégory ramène son protégé à La Varenne. Et rebelote la semaine d’après.
Des anecdotes sur les personnes qu’il accompagne une heure, une semaine ou plus, l’indépendant pourrait en raconter pendant des heures. Il s’est lancé en février 2018 dans les services à la personne, en mode pionnier. Parfois, il s’agit de menus services. « J’ai par exemple été appelé une première fois par la tutelle d’une dame de 93 ans qui avait besoin de faire des photos d’identité pour le renouvellement de sa carte d’identité. Je l’ai ensuite conduite à un rendez-vous médical. Personne ou presque ne fait ça encore aujourd’hui. » Salarié de plusieurs instituts médico-sociaux de l’agglomération de Poitiers, il sait que les structures d’accueil n’ont pas forcément le personnel pour proposer des activités extérieures, sorties culturelles... Grâce à un contrat tripartite avec la famille de la personne handicapée et/ou âgée et son établissement de rattachement, « l’évasion » est rendue possible.
Cet été, Grégory passera une semaine de vacances avec Damien dans le Cantal et autant de temps sur l’île d’Oléron avec un autre résident. La confiance entre toutes les parties est donc une condition sine qua none. « Je convoie aussi des personnes vers Paris, Valence et jusqu’à la Guyane », ajoute Grégory. Qui évoque « un temps de répit nécessaire » pour les proches. « Ensemble, nous créons un espace où tous peuvent respirer, se ressourcer et apprécier les moments présents. » Signe qu’il s’inscrit dans la durée, le prestataire aimerait investir dans un véhicule équipé d’une rampe pour faciliter l’accueil des personnes à mobilité réduite. « Et aussi de sièges pivotants ! », précise-t-il. Comme Grégory, ils seraient moins d’une dizaine à exercer à leur compte dans la Vienne (cf. Repères). « Hélas, ce n’est toujours pas un métier reconnu par le législateur, on est dans une case qui n’existe pas ! », déplore-t-il.
Educatrice spécialisée de formation, Isabelle Blanchet a travaillé pendant près de vingt ans au foyer de vie de La Varenne, à Saint- Benoît, un établissement dépendant de l’Apsa. Elle exerce désormais en micro-entreprise comme accompagnatrice à la vie sociale, en parallèle d’une autre activité dédiée aux soins énergétiques. « On répond à un vrai besoin. Par exemple, les séjours pour les personnes atteintes de surdicécité n’existent pas. Je n’ai pas de disponibilité avant fin octobre ! », assure Isabelle Blanchet. Comme son collègue, elle aimerait qu’un cadre législatif plus clair soit à l’étude.
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