Hier
Olivier Pouvreau vous embarque cette saison au plus près du vivant, dans un univers qu’il affectionne beaucoup.
Conversations à bâtons rompus, chaînes de télévision d’information en continu, réunions, repas conviviaux, appels téléphoniques, réseaux sociaux... Notre espèce semble affairée au jeu d’une toupie langagière qui tournerait sans fin. Cette propension infatigable à parler relève d’une sorte de surplus, de superflu, que les linguistes appellent « fonction phatique » du langage : communiquer pour simplement soutenir le lien social entre locuteurs et récepteurs. Est-ce à dire que nous parlons souvent pour ne « rien dire » ? Admettons, car il faut tout de même bien avouer qu’on ne peut pas dire des choses intéressantes tout le temps.
Vivre dans un monde de parlote incessante se double aussi d’autres bruits humains, techniques, incarnés par le modèle du moteur thermique. Pensons par exemple qu’en pleine nuit, une moto en ville peut réveiller tout un lotissement… Essayons alors d’imaginer les ambiances sonores de notre planète sans la présence de l’homme moderne. Le monde ne serait pas silencieux mais peuplé de bestioles dont les sons ne sont ni constants, ni agressifs. Prenons un exemple simple : le merle noir. A cette saison, on l’entend beaucoup chanter de sa voix mélodieuse le matin et le soir. Néanmoins, le reste de la journée et en dehors de la période de reproduction, il se manifeste seulement par des cris d’inquiétude ou d’alarme, c’est-à-dire uniquement par nécessité, avec parcimonie. Le merle, comme les autres animaux, se tait la plupart du temps. Nous, nous supportons mal un silence prolongé. Il paraît pourtant que si « la parole est d’argent, le silence est d’or »...
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