mardi 24 décembre
Le Regard de la semaine est signé Kamel Latrach.
Ah, cette fameuse rentrée en 6e ! Un nouveau cap important à franchir. Nous venions tout juste de quitter la Zup de Niort pour être les nouveaux heureux propriétaires d’un pavillon à Echiré. Bref, une nouvelle vie s’offrait à nous. Moi, je terminais mon CM2 où je me situais dans les deux ou trois meilleurs élèves de ma classe. J’avais acquis un certain niveau de confiance et j’abordais sereinement la rentrée en 6e. Mes frères, eux, quittaient le collège Jean-Zay et nous nous sommes retrouvés tous les quatre affectés au collège Fontanes. Dès notre arrivée, on nous a expliqué que le collège datait de Napoléon III, personnage inconnu à mon bataillon... mais vu la hauteur des plafonds, ce devait être un grand Monsieur ! J’ai été le premier appelé pour rejoindre la classe de 6e 5 et je me suis permis de reprendre le proviseur pour lui expliquer qu’on dit
« Latrache » et non « Latraq ».
Quelle assurance du haut de mes 11 ans. C’est M. Seguin, professeur de français, qui nous a accueillis. Après une brève présentation, il a proposé à l’ensemble de la classe de faire des rimes en « i ».
Il a débuté par les deux élèves installés au premier rang et, à tour de rôle, chaque élève devait proposer une rime. Des rimes, je n’en n’avais jamais entendu parler. Installé au fond de la classe, j’essayais de faire le lien entre les mots de chaque élève : « Spaghetti »,
« confetti », « inédit »... Mais qu’est-ce qu’ils racontent, me disais-je intérieurement jusqu’au moment fatidique où ce fut à moi de jouer :
« marmelade ! ». Et là, la classe entière a éclaté de rire comme un seul homme. Et me voilà en deux temps-trois mouvements renvoyé à ma médiocrité désastreuse. Mon sort était réglé et il était peu probable que j’arrive à me relever d’une telle déconvenue. En l’espace d’une question, j’ai compris que même loin du quartier, il y aurait toujours quelque chose ou quelqu’un pour nous y ramener. Ce cher collège
« bon chic bon genre » cultivait le goût de l’excellence, soit par le sport de haut niveau, soit par des tenues vestimentaires hors de prix. Moi, j’ai fui tous ces codes inaccessibles et j’ai trouvé mon salut dans les mathématiques. Un problème en géométrie, un calcul pouvaient captiver mon esprit à l’infini ! Plus d’une fois dans mon parcours, beaucoup ne donnaient pas cher de ma peau. Pourtant, j’ai toujours su trouver les solutions pour me relever et avancer. Retenez qu’on a tous une bouée de sauvetage en nous et qu’il n’existe pas de mur infranchissable.
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