Hier
Alors que les travaux ont commencé sur le haut de la rue du Faubourg-du-Pont-Neuf, à Poitiers, le vaste chantier de rénovation débuté en août suscite toujours autant d’inquiétudes relatives aux mobilités et, indissociable, à l’avenir des commerces.
Résignation, dépit, colère, agacement, incompréhension… Les travaux débutés le 28 août dernier dans le quartier du Pont-Neuf, à Poitiers, auront décidément fait passer les riverains et usagers par toutes les émotions. Et la situation ne devrait guère évoluer avant le 31 août, date avancée pour la réception des aménagements. Alors que le chantier du secteur 1, soit le bas de la rue du Faubourg-du-Pont-Neuf, touche à sa fin, celui du secteur 2 a débuté, à partir du rond-point de la route de Gençay jusqu’à la rocade. Partout, des barrières, des panneaux, des engins de travaux publics rappellent la rénovation du quartier… et inquiètent.
Organisée en amont d’un comité de pilotage programmé mardi dernier, la réunion du Comité du quartier du Pont-Neuf a rassemblé une cinquantaine de personnes et au moins autant de questions. Juste un échantillon en fait. La société R-Access, mandatée par la Ville pour répondre aux interrogations suscitées par le chantier, reçoit chaque jour autour de… 80 sollicitations ! Stéphane Allouch, adjoint au Dialogue social, veut y lire une preuve d’efficacité et assure « faire en sorte que tous les secteurs restent accessibles pour les riverains et les commerçants ». De cette précieuse accessibilité dépend en effet, entre autres, l’activité économique. « Le Pont-Neuf avant travaux, c’était une quarantaine de commerces, 200 emplois et 12M€ de chiffres d’affaires », rappelle, désabusé, le président de l’association des commerçants du Pont-Neuf Stéphan Hamache.
Commerces en souffrance
Dans le secteur 1, la pharmacie accuse depuis le début de l’année une sensible baisse de sa fréquentation, le salon de coiffure Jack’line baissera définitivement son rideau le 1er avril, l’auto-école songe à déménager… Dans le secteur 2, Maxime Aupretre, qui s’est installé il y a tout juste six mois, n’a pas connu l’avant-travaux. « Donc je ne sais donc pas si cela m’impacte ou pas », confie le jeune boucher. Stéphane Roy, de l’Agence du Palais, a lui investi « dans un nouveau serveur qui permet des démarches à distance, comme des signatures électroniques », afin de palier des temps de trajet rallongés. Chacun tente de faire contre fortune bon cœur, sans trop savoir qu’attendre de la commission d’indemnisation mise en place par la Ville. Dan Su, la gérante du bar-tabac Le Longchamp, a reçu le dossier de demande. Pour l’heure, elle « essaie de tenir le coup ». Mais « on perd 30 à 50% de chiffre d’affaires, il n’y a plus personne, et avec les travaux qui avancent devant, le pire est à venir. »
Devant l’établissement, le rond-point va être transformé en un carrefour à feux… « J’habite dans le quartier depuis soixante-et-un ans. Du jour où ils ont mis un rond-point, il n’y a plus eu d’accidents graves. Pourquoi revenir en arrière ? », interroge une riveraine. « Le giratoire pose problème quand on a besoin de faire passer des pistes cyclables, des piétons…, explique Stéphane Allouch. Pour sécuriser les croisements, on a besoin de phases, et les feux sont la seule façon de les gérer. » L’élu ne s’en cache pas, l’idée est aussi de « détourner la circulation de transit vers la pénétrante » afin, à terme, de réduire de moitié le trafic sur cet axe estimé à 19 000 véhicules par jour avant travaux. Quelques mois encore et les signes cabalistiques qui parsèment la chaussée et les trottoirs devraient avoir disparu…
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