Aide à mourir, débat toujours ouvert

Saluée par les uns, décriée par les autres, la future loi sur la fin de vie qui sera examinée au printemps au Parlement ne fait pas consensus. En particulier chez les soignants, toujours opposés à l’idée d’aider leurs patients à mourir.

Le7.info

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Emmanuel Macron a donc fini par lever le voile sur ce que serait la future aide à mourir (Le 7 n°623) : « un accompagnement réservé aux personnes majeures capables d’un discernement plein et entier. » Ces personnes en fin de vie devront être « atteintes d’une maladie incurable et avoir un pronostic vital engagé à court ou moyen terme, avec des souffrances physiques ou psychologiques réfractaires, que l’on ne peut pas soulager », a précisé le Président de la République. Un délai de réflexion de 48 heures leur sera octroyé et une équipe de médecins devra statuer sous quinze jours. « En cas de réponse favorable, la prescription sera valable trois mois, période durant laquelle le patient pourra, bien entendu, se rétracter à tout moment. »

Thierry Redon salue une « belle avancée » mais craint qu’il y ait « des laissés-pour-compte ». Et le militant du droit à mourir dans la dignité de citer le cas de Chantal (Le 7 n°593). « Mon épouse, atteinte de la maladie de Charcot, a bénéficié de la sédation profonde mais cela a duré pendant quatre longs jours. Elle a souffert jusqu’à la fin... » Le retraité regrette donc que la France ne se calque pas « sur les modèles suisse ou belge ». Alain Claeys salue les annonces présidentielles qui s’appuient largement sur les préconisations du Comité consultatif national d’éthique, dont il est co-rapporteur, et les travaux de la « remarquable » convention citoyenne. Mais l’ancien maire de Poitiers rappelle aussi qu’il existe « encore un déficit important de prise en charge de la personne ». Le plan décennal de développement des soins palliatifs (1Md€) suffira-t-il ? 
L’ancien élu parle de « changement de paradigme » et appelle à un continuum « jusqu’à la fin de vie ou la guérison ».

« Vous savez ce que veut dire le moyen terme, vous ? 
»

D’autres zones d’ombre planent au-dessus du futur texte de loi, dont les parlementaires s’empareront fin mai. Invité à un dîner à l’Élysée sur le sujet début février, le Dr Laurent Montaz juge que 
« le Président ne s’est pas trahi. Il avait indiqué qu’il fallait un possible, un continuum de la loi Claeys-Leonetti pour quelques situations ». Ce constat fait, le chef du service des soins palliatifs du CHU de Poitiers redit ses réserves. « Vous savez ce que veut dire le moyen terme, vous ? 
Et qui va le déterminer ? La plupart des médecins ne veulent plus annoncer de terme... » Le 
Dr Montaz reste au-delà favorable à la création de « structures qui accueilleraient les gens en demande d’une aide active à mourir. Pour abréger la vie, pourquoi faudrait-il que le médecin fasse une prescription, alors que les patients cocheraient toutes les cases ? »

Des questions pratiques aux interrogations éthiques, il n’y a qu’un pas... « Cela pose un problème moral pour l’Église qui préfère l’idée d’une aide active à vivre avec le choix principal des soins palliatifs grâce auxquels on accompagne la douleur mais sans produit létal », juge pour sa part le Père Julien Dupont. Hasard du calendrier, le palais des congrès du Futuroscope accueillera la 30e édition du Congrès national des soins palliatifs, du 
12 au 14 juin. L’une des conférences plénières s’intitulera 
« Cheminer dans un monde de normes ». CQFD.

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