Le Regard de la semaine est signé Dominique Truco.
Vendredi 2 février 2024, Centre Intermondes de La Rochelle, table ronde autour de l’œuvre de Paul Virilio (1932-2018) maître verrier, puis architecte, urbaniste, philosophe « révélationnaire ». Autour de la table, Sophie Virilio, fille de Paul et Suzanne, l’historien Laurent Vidal, l’architecte-géologue Jean Richer, la chorégraphe Kitsou Dubois, l’artiste Charles Debord, aux œuvres ensemencées par la pensée de Virilio. Objectif : dévoiler la première réédition au Seuil de 22 essais publiés entre 1957 et 2010 dans un haut lieu d’hospitalité artistique de la ville d’adoption de Paul Virilio.
Le titre de l’ouvrage La fin du monde est un concept sans avenir, phrase extraite de l’un de ses carnets, nous tient en équilibre entre l’esthétique du pire et celle du meilleur. Son œuvre prévient du pire et préconise le meilleur, reliant écologie grise à écologie verte. Une publication colossale de 1 248 pages : la totalité de ses écrits(*) augmentés de textes critiques, glossaire, fac-similés de carnets de reconnaissance manuscrits inédits où s’agrègent l’évolution de ses concepts forgés à l’analyse du réel.
Une pensée visionnaire aussi primordiale à la conscience du monde que furent celles de Pythagore, Nicolas Copernic, Galilée, découvrant la rotondité et la rotation de la Terre autour du Soleil… Après l’ère des Révolutions astronomiques, vient pour Paul Virilio l’ère de la Révélation géophysique de la finitude d’un monde forclos que nous habitons tous, citoyens du monde. La Terre natale tourne et l’humanité déraille dans la compression de l’espace-temps.
Au cœur de sa recherche : « La Dromosphère, l’espace de vitesse qu’est devenu le monde », dont il analyse « les véhicules technoscientifiques affranchis de limite éthique », avec pour conséquence ce qui survient : « L’accident intégral (du nucléaire au transmission électromagnétique), l’épuisement des ressources, la société de l’éjection, d’exclusion forme d’inhabitation insalubre dont nous parlent aujourd’hui les exodes et les exils lointains, toutes les délocalisations. […] Le XXIe siècle sera le siècle des grandes migrations. Un milliard de personnes sur les routes et mers du monde d’ici 2050. C’est toute l’Histoire qui prend la route ; […] La Terre est maintenant trop petite pour le progrès. La nécessité de l’hospitalité semble inséparable de la civilité qui nous protège, encore, de l’agressivité, de la barbarie et des guerres civiles de tous contre tous et de chacun contre chacune. »
(*)A l’exception de Bunker
archéologie et Guerre et Cinéma.