Hier
Noël avant l’heure à l’Arena
A l’issue d’un match très serré, le PB86 a fini par l’emporter face à Pau à l’Arena Futuroscope (77-72). De bon augure avant de clore l’année à Orléans vendredi prochain.
A 18 ans, il a quitté sa province, sans être certain de conquérir Paris mais habité par une furieuse envie de briller. « Je crois qu’au-delà de faire de la musique, je voulais être une star, lâche Adrien Fruit avec sincérité. J’avais un énorme besoin de reconnaissance, de me sentir crédible. » Le chemin a été long et tortueux mais à 32 ans le Poitevin a désormais son nom en haut de l’affiche, celle de Starmania. Depuis plus d’un an, Ziggy, c’est lui. Adrien savoure. « Il y a eu l’avant-première sur la Scène musicale de Paris en novembre 2022, puis la première, et 280 soirs plus tard je suis là ! » Là, dans sa Vienne natale, pour quelques jours off avant le Zénith de Nantes Métropole à partir de vendredi, puis Saint-Herblain, Toulouse, Bordeaux… Et ainsi de suite jusqu’en janvier 2025 -au plus tôt-, devant 5 000 personnes en moyenne.
Le trentenaire à l’allure encore juvénile puise dans ses souvenirs : un père patron d’une entreprise de transports, fan de rock qui lui a donné Chuck (Berry) comme deuxième prénom, une mère responsable d’une boutique de prêt-à-porter avec laquelle il a découvert Balavoine et Berger, une fratrie recomposée de quatre enfants, et puis un concours de chant de fin d’année. Adrien est en 6e, il interprète Maniac, extrait de Flashdance, et remporte le prix. « A ce moment-là je me découvre une passion, j’ai un déclic. » La musique devient son refuge, l’adolescence est souvent cruelle. Volubile, Adrien la raconte au présent. « Je suis dans un collège de 150 élèves à Couhé, un établissement privé assez… fermé. Je mesure 1,30m, j’ai une voix aigüe, un physique androgyne… » Points de suspension sur le harcèlement scolaire qui lui a laissé de profondes cicatrices. « J’ai longtemps eu peur du regard des gens, des insultes. » Malgré tout le jeune garçon, subjugué par les lumières de la Nouvelle Star et de la Star Academy, éprouve son talent dans des concours. « En 3e, j’ai tenté le casting de la Nouvelle Star, je suis arrivé jusqu’aux épreuves du théâtre. » Assez loin pour lui donner l’espoir d’une carrière. Mais avant, il lui faut un diplôme, « c’est le deal avec mes parents ».
Adrien décroche un CAP coiffure et le range aussitôt dans un tiroir. Paris l’attend, croit-il naïvement. « J’ai fait un prêt étudiant et je me suis inscrit à l’école Richard Cross. Cela a duré dix mois. » Il a beau se sentir à sa place, il collectionne les « jobs alimentaires ». Son aventure dans X Factor, télécrochet fraîchement importé d’Angleterre, dure six mois, elle s’arrête aux portes des demi-finales. « Une fois l’émission terminée, quand il n’y a plus personne… » Sous les points de suspension resurgissent les doutes. Alors, atavisme maternel ou réflexe de fashion victime, le jeune homme devient vendeur de prêt-à-porter. Responsable d’un magasin sur les Champs-Elysées, il travaille sans compter, enchaîne dans les cosmétiques. La musique reste là, tapie dans l’ombre de ses heures perdues. Adrien s’est découvert « une passion pour l’écriture et la composition ».
Il en est là quand, fin 2016, la production de The Voice l’appelle. « Je m’étais juré de ne plus faire de télé ! Je ne voulais plus connaître l’ascenseur émotionnel. » L’audition n’est pas concluante mais les mots de Florent Pagny l’encouragent à se lancer seul. Il sort en 2019 Vertige, un EP « pas mal sombre ».
STOP. Trop de questions se bousculent dans son « cerveau qui fonctionne tout le temps ». Deux ans de « reconstruction personnelle » plus tard, la musique le
« rappelle » par la voix de son ami Mehdi. « J’étais parti courir quand il m’a dit que le casting de Starmania, interrompu par le Covid, était toujours d’actualité. Ils recherchaient quelques rôles, dont Ziggy, mais des chanteurs de haut niveau. Avec mes traumas et mon manque de confiance… Et puis, je n’avais plus envie de faire de castings. » Mehdi insiste, Adrien cède, séduit par l’idée d’incarner le « garçon pas comme les autres » du célèbre opéra rock. « Cela reste un mythomane manipulateur mais il rêve de gloire et de paillettes, comme moi vers 16-17 ans. »
Après une longue attente, fin 2022 Adrien devient Ziggy et Ziggy prend les traits d’Adrien, ses cheveux longs, blonds et bouclés, ses yeux clairs et ses ongles peints. Solaire. Désormais le jeune homme soigne son hyperactivité en enchaînant les spectacles, sept du mardi au dimanche (deux le samedi), et son hypersensibilité à coups de crossfit. « Je n’ai plus peur de ne pas être à la hauteur, même si je ne prétends pas y être, glisse-t-il, toujours à la merci d’une confiance fragile. Je n’ai plus les mêmes doutes, ni les mêmes angoisses. Ils portent davantage sur l’écriture et la direction musicale. » Ziggy a des messages à faire passer, sur le harcèlement scolaire, les réseaux sociaux… Il veut aussi distiller ses « fruitions »(*), « des reprises pop et fraîches », et prévient de l’imminence du premier single du reste de sa vie. Avec ce rêve, toujours : « Faire Bercy ! »
(*)Fruition : action de jouir de quelque chose, selon Montaigne.
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