Dans une salle de volley, sur un terrain de rugby ou dans un club de sport privé, les opérations de recrutement hors cadre habituel se multiplient dans la Vienne, avec l’activité physique comme trait d’union. Dernière illustration en date fin novembre à Fontaine-le-Comte.
23 novembre, 9h au complexe sportif de l’Open5, à Fontaine-le-Comte. Ce matin-là, pas de squash, de padel ni de badminton au menu de la journée. Près de 70 personnes munies d’un t-shirt « Du sport vers l’emploi » écoutent attentivement les consignes des encadrants de l’Ufolep, mandatés par Pôle Emploi pour organiser des activités ludiques autour de six thèmes comme autant de verbes d’action : Ufo se défier, Ufo être soi-même, Ufo coopérer, Ufo s’entraider, Ufo rien lâcher, Ufo se dépasser. Six défis par équipe, vingt minutes par défi, la règle est simple. « Le but est de faire ressortir vos traits de caractère, vos qualités, de montrer qui vous êtes... », balise Frédérique Rouet, directrice l’agence Pôle Emploi (France Travail) de Poitiers-gare.
« Un peu plus de vérité »
En face d’elle, une cinquantaine de demandeurs d’emploi et quinze recruteurs s’apprêtent à faire équipe... à égalité de
« traitement ». L’ambiance est bon enfant, Mojtaba est ravi d’être là. « Je viens d’Afghanistan et je suis en France depuis trois ans. J’ai travaillé dans la restauration, le tri des déchets mais je cherche plutôt un travail dans l’informatique, glisse le réfugié. Je suis ouvert à toutes les propositions. Pour l’instant, l’ambiance est bonne dans l’équipe ! » A quelques mètres de Mojtabar, Elise Prêtre partage l’idée qu’il faut aujourd’hui « recruter autrement », sortir du cadre en somme. « Ce type de rencontre donne à la fois du dynamisme, un peu plus de vérité et permet d’être sans préjugés »,
développe la chargée de relation entreprise et recrutement de Solutions Compétences.
30 à 40%
de recrutement
Sur la seule agence de Poitiers, le groupement d’employeurs propose une trentaine de postes dans l’industrie, « dans
les fonctions support comme en production ». « Aujourd’hui, on recrute essentiellement sur le savoir-être et Du sport vers l’emploi permet de déceler des choses. » Dans quelques heures, après les séquences tchouk-ball, sauvetage ou blazePod, les
70 participants à l’opération vont déjeuner ensemble et s’offrir une nouvelle séquence de rendez-vous individualisés. Combien de demandeurs d’emploi sont repartis avec un job ?
« Avec Du sport vers l’emploi, on casse les codes et on oublie les habits classiques. C’est une façon de dire aux demandeurs d’emploi qu’ils ont leur chance et qu’ils doivent la saisir », reconnaît Frédérique Rouet. Les candidats ne sont d’ailleurs pas jetés dans le grand bain sans filet, ils bénéficient d’une préparation en amont pour se présenter et se
« vendre » via un CV sous forme de carte de visite. La directrice de Pôle Emploi conclut ainsi :
« En général, nous sommes sur 30 à 40% de recrutement, ce qui est un très bon pourcentage par rapport à des forums emploi classiques. »
L’Ufolep dans la course
Sollicitée dans de nombreux départements pour la mise en place d’activités sportives liées à l’emploi, l’Ufolep était à la manœuvre le 23 novembre à l’Open5 de Fontaine-le-Comte. « Nous sommes persuadés que les valeurs du sport et de l’entreprise sont identiques », admet Paul Cordeau, délégué départemental de l’Ufolep 86. Au-delà, la structure fait du sport-santé auprès des mineurs non accompagnés ou des jeunes encadrés par la protection judiciaire de la jeunesse l’un de ses axes de travail. Par exemple en proposant des cours de natation à des migrants. Un autre volet concerne l’insertion dans les quartiers. L’opération Ufostreet visera notamment en 2024 à toucher les 11-17 ans à travers des activités telles que le Chase Tag, le basket 3x3, le foot, le hip-hop...