Urbanisme : le difficile équilibre

Document majeur d’aménagement du territoire, le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) doit concilier intérêts privés et général, développement à court et à long terme… Exemple à Nouaillé-Maupertuis où une enquête publique est ouverte jusqu’au 22 décembre.

Claire Brugier

Le7.info

Devant la porte de la boutique de vente directe de la Folie bergère, le trépied est discret mais l’appel est clair, porté au regard des quelque cent vingt familles qui poussent la porte chaque semaine. On peut y lire : « On a besoin de vous ! Projet d’urbanisation = ferme en danger ». Dans les Vallées du Clain comme dans bien d’autres territoires, dont Grand Poitiers, l’élaboration du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) est en cours. A Nouaillé-Maupertuis, une enquête publique est ouverte jusqu’au 22 décembre. Chacun peut y exprimer librement des remarques, doutes, voire inquiétudes, dans le cas de la Folie Bergère.

« Au total, nous risquons de perdre 6,5ha soit plus de 10% de la surface de notre ferme (ndlr, 64ha, dont 60ha en location) », se tracasse Benoît Lelaure, l’un des cinq co-exploitants de la Folie bergère, estimant la perte annuelle à 12 000€ de chiffre d’affaires et 6 000€ de revenu, sachant que seuls deux associés parviennent à se prélever un Smic. En cause, un terrain situé le long de la route de Poitiers, à l’entrée de Nouaillé. « Lorsque nous nous sommes installés en 2015, ce terrain était classé zone agricole protégée (AP). » Dans le futur PLUi, la municipalité envisage d’en faire une zone constructible. Mais pas nécessairement construite.

« Envisager l’avenir »

« C’est une réservation, ce n’est pas une préemption ni une aliénation, rassure le maire Michel Bugnet. Notre rôle d’élus est d’envisager l’avenir, et notamment les emplacements d’équipements publics futurs, en tenant compte de l’acceptabilité par la population, qui ne les souhaite pas en zone résidentielle. Considérant que la commune va continuer à se développer, nous avons fléché une parcelle où un équipement pourrait être construit. Mais quel que soit l’endroit, cela empiètera sur la surface agricole. » Et cela viendra potentiellement contredire un intérêt privé. « Nous avons proposé des solutions de substitution : le classement en zone non constructible des autres parcelles louées par la Folie bergère, des terrains ailleurs sur la commune. Nous achetons aussi une partie de leur production pour alimenter les cantines de l’école et de l’Ehpad. Nous sommes soucieux de leur développement mais nous devons penser à l’intérêt général. »

Et le Zéro artificialisation nette inscrit dans la loi Climat et résilience ? « Il faudra qu’il soit décliné au regard des situations particulières de chacun, note Michel Bugnet. Par exemple, à Nouaillé, nous n’avons plus de zone industrielle en friches et quasiment pas de logements vacants. Donc soit on arrête tout, soit on s’étend a minima. »

Entre des intérêts privés, l’intérêt général et les enjeux environnementaux, l’équilibre est compliqué à trouver. Nouaillé n’est pas une exception. Sans compter que le PLUi doit aussi intégrer un Plan d’aménagement et de développement durable (PADD), s’inscrire dans le Schéma de cohérence territoriale (Scot) et dans le Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire (Sraddet). Que de sigles abscons ! Seule certitude : le PLUi engage l’aménagement d’un territoire pour une dizaine d’années.

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