Aujourd'hui
Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Ophtalmologues, gynécologues, pédiatres… La pénurie de généralistes et de spécialistes ne touche pas que les déserts médicaux, donc ruraux. « Même à Poitiers, il est compliqué de trouver un dentiste. Pour ma part, j’ai obtenu un rendez-vous à quatre mois ! Un collègue qui s’est installé a reçu 300 demandes par mail en deux jours », témoigne Jean-Jacques Lauzin, président de l’Ordre des… dentistes de la Vienne. Avec 41,58 praticiens/100 000 habitants, la Vienne se situe dans la fourchette basse, loin derrière les Alpes-Maritimes (123,78), la Gironde (83,80) ou même l’Indre-et-Loire (50,21). Et pourtant, le nombre d’inscriptions à l’Ordre ne cesse de croître : 6 en 2021, 13 en 2022 et une vingtaine en 2023. « On fait en sorte de promouvoir la Vienne, mais il faut voir que la moyenne d’âge augmente, on incite donc ceux qui partent à vendre plutôt qu’à fermer leur cabinet », insiste-t-il. Malgré cette politique volontariste, les courriers de patients courroucés s’accumulent.
Le départ surprise d’un couple de dentistes roumains à Bonneuil-Matours, début octobre, a plongé les Châtelleraudais dans un certain fatalisme, même si « de jeunes dentistes s’installent ou vont s’installer à Ingrandes, Colombiers… », développe Anne-Florence Bourat, vice-présidente déléguée du Département en charge de la Santé. La collectivité en a accompagné seize, six avec un dispositif de bourse d’études -38 400€- et dix grâce à des aides à la primo-installation(*). « Mais ça reste compliqué car ils ne font pas leurs études à Poitiers, sauf la 6e année. On est donc très heureux du partenariat avec la doyenne de la faculté dentaire de Bordeaux pour participer à l’intégration des nouvelles générations. » Le nombre d’étudiants poitevins en Gironde va ainsi augmenter progressivement. De quoi grossir les rangs dans les années à venir ?
Pierre Fronty ne lit pas dans une boule de cristal. Mais l’ancien président de l’Ordre et co-fondateur de l’Association odontologique de suivi itinérant des soins (Aosis) sait en revanche qu’on peut agir dans l’immédiat, notamment auprès des plus démunis, en situation de précarité, de handicap… « C’est déjà difficile pour vous et moi de trouver un dentiste, alors imaginez si vous venez en fauteuil ! » Avec ses collègues bénévoles, le président d’Aosis fait de la prévention et du pré-diagnostic dans les Ehpad -22 fauteuils installés-, les maisons de quartier, les Instituts médico-éducatifs. Et depuis l’automne 2022, c’est dans un bus aménagé que les dentistes bénévoles se déplacent selon le principe de l’aller-vers. Au total, Aosis rencontre environ 2 300 personnes par an. « Pour paraphraser Coluche, aujourd’hui on n’a plus le droit d’avoir mal aux dents », martèle Didier Grivelet, membre d’Aosis et toujours en activité. Hélas, une fois le diagnostic établi auprès des plus précaires, le plus difficile reste souvent de « trouver un confrère qui accepte de les soigner rapidement ». Beaucoup sont envoyés vers l’hôpital de jour de Châtellerault, pionnier en France dans les soins bucco-dentaires pour les personnes handicapées.
(*)Une aide forfaitaire de 8 000€ ou une aide à l’équipement jusqu’à 30 000€.
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