Aujourd'hui
Le mois de novembre est traditionnellement consacré à la promotion de l’agriculture biologique. Mais les agriculteurs s’inquiètent du manque de soutien de l’État envers cette filière qui peine à traverser la tempête de l’inflation.
C’est un Mois de la bio un peu amer pour ses acteurs, impactés par une baisse des ventes et des reconversions. Ils ne baissent toutefois pas les bras, déterminés à « garder le cap » face à cette mauvaise passe économique. Il s’agit de la 12e édition de cet événement organisé par Interbio, Bio Nouvelle-Aquitaine, les Chambres d’agriculture régionales et destiné aux exploitants agricoles. Trois temps forts sont prévus dans le département : jeudi sur les cépages résistants au domaine de Lavauguyot, le 14 novembre sur les enjeux du passage en bio à la Chambre d’agriculture de la Vienne et le 22 novembre sur la culture de la luzerne à Prinçay.
En 2023, seuls 33 agriculteurs se sont engagés dans une reconversion en bio, contre une soixantaine en moyenne par an. Un « phénomène » certes, mais « pas un raz-de-marée », temporisent les représentants de la Chambre d’agriculture de la Vienne, rappelant que le département figure parmi les bons élèves. Fin 2022, il comptait 586 exploitations bio, soit un hectare agricole sur dix.
La filière bio est une réponse idoine aux défis environnementaux. L’usage de produits phytosanitaires étant proscrit, elle est « une économie à long terme sur les coûts de dépollution, indique Damien Savoyant, co-président de Vienne Agrobio. On a vu ce que le chlorothalonil a donné dans l’eau. Les producteurs qui se lancent ont à cœur de protéger les milieux. Après cinq à six ans de culture en bio, la qualité des sols s’améliore grandement. »
Un appel au soutien
Toutefois, le manque d’aides au maintien est « un réel frein, soutient Jean-Bernard Niort, secrétaire adjoint à Interbio. Les aides à l’installation ne suffisent pas, il faut assurer une activité pérenne. Les déconversions font mal au moral. Ce n’est jamais un plaisir pour un agriculteur de devoir faire machine arrière. » Une situation qui se ressent sur le type d’exploitation en bio. Les nouveaux reconvertis se lancent dans des projets plus modestes, comme du maraîchage.
En ce sens, les producteurs veulent renforcer leurs échanges avec les élus locaux pour fixer le cap des « 18% de surfaces agricoles en bio dans la Vienne d’ici 2027 ». Un grand pas comparé à la moyenne de 14% en Nouvelle-Aquitaine, mais avec encore du chemin à faire jusqu’aux consommateurs. « On est ouvert aux besoins des collectivités dans la restauration collective, poursuit Jean-Bernard Niort. La loi Egalim impose 20% de produits issus du bio dans les cantines depuis le 1er janvier 2022, mais on est encore loin d’y être. »
Pour (re)conquérir les consommateurs, les acteurs du bio s’appuient sur la campagne #BioRéflexe. « La multiplication des certifications bio a semé le doute dans les esprits, regrette Damien Savoyant. La seule qui soit soumise à un contrôle régulier est le label AB. On veut rappeler que le bio n’est pas du marketing mais un vrai enjeu d’avenir. »
Plus d’informations sur moisdelabio.fr.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.