Hier
Médiatrice professionnelle et judiciaire, Séverine Hay poursuit sa chronique dans nos colonnes.
Mathias : « Madame la médiateure, je m’en veux de l’avoir blessée par mes mots. Je regrette sincèrement. Je me sens aussi frustré et impuissant car je n’ai pas été compris. »
Faustine : « De mon côté, je trouve que ce qu’il m’a dit est tellement infondé. La rancune grandit au point d’envisager rompre tout autre échange avec lui. »
Ces mots tranchants, porteurs de tension palpable, résonnent en nous. Les émotions bouillonnent, les rapports interpersonnels s’effritent et nous nous trouvons pris dans un tourbillon tumultueux de relations tendues. Au cœur de cet univers complexe, nous découvrons le rituel du « donner-prise ». Nos relations étant en perpétuelle évolution, notre tempérament émotionnel nous entraîne malgré nous. Nous donnons prise ! Et ces prises intérieures sur lesquelles la dynamique conflictuelle s’accroche sont souvent enracinées dans nos expériences vécues comme des échecs avec, dans ce cas, trois formes de manifestations de regrets :
Le remord : quête du « pardon »
« Je m’en veux. » Le remord surgit lorsque nous nous blâmons, portant une culpabilité d’avoir fait ou de n’avoir pas fait quelque chose. Notre réaction naturelle est alors de chercher ce « pardon »,
de vouloir réparer des torts causés par nos paroles, nos actes passés ou manqués.
La rancœur : appel à la réassurance
« Je n’ai pas pu faire quoi que ce soit, cela me rend amer. » La rancœur s’installe quand désillusion, ressentiment d’amertume et impuissance se rejoignent. Nous aspirons alors à la réassurance, cherchant paix intérieure et sécurité.
La rancune : quête de réparation
« Je lui en veux. » La rancune se manifeste par des accusations dirigées vers autrui. Nous en voulons à l’autre, parfois même sans nous en rendre compte, notre communication prenant une forme de vengeance masquée.
Dans cette toile complexe de prises intérieures, où la dynamique conflictuelle s’enchevêtre, le professionnel de la médiation permet aux interlocuteurs d’exprimer les « donner-prise » de regrets, pour démêler les choses et adopter une posture de recul éclairée. Le ballet des regrets peut alors se transformer en une danse apaisante vers la résolution des conflits.
contact@severinehay.fr ou 09 83 97 79 27.
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