Les CFA face au 
coup de rabot de l’Etat

Gérard Gomez tire la sonnette d’alarme. Le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat Nouvelle-Aquitaine dénonce la baisse des 
« coûts contrats » de l’Etat par un décret en date du 8 septembre. Dans la Vienne, les conséquences pourraient être douloureuses.

Arnault Varanne

Le7.info

Le secteur de l’apprentissage va bien, merci pour lui. A la hausse du nombre d’apprentis (12 746 en Nouvelle-Aquitaine), il faut ajouter des taux d’emploi supérieurs de 4% à la moyenne dans les établissements du campus des métiers de la Vienne. Tout irait donc pour le mieux si l’Etat n’avait pas décidé de raboter les enveloppes dédiées à la formation. Un décret en date du 8 septembre réduit de 5% en moyenne les dotations à l’échelle nationale. « Concrètement, sur un CAP boulangerie, on se retrouve avec un coût contrat qui passe de 6 680€ à 6 015€, critique Gérard Gomez, alors que le financement d’un master en droit des affaires ne diminue que de 1,7%. » Le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat Nouvelle-Aquitaine estime que de ce nouveau coup de rabot -2,5% déjà à la rentrée 2022- se traduira par 
« une baisse de près de 8% du financement des formations emblématiques de l’artisanat de premier niveau » et que 57% des formations deviendront 
« déficitaires ».

« Encore des 
négociations »

L’élu dénonce un deux-poids- deux-mesures qui ne colle pas avec les déclarations d’intention de l’Etat. « Le gouvernement ne soutient plus les politiques d'apprentissage dans l’artisanat et semble même vouloir nous tuer en nous allouant moins de ressources. C’est une baisse incompréhensible, issue sans doute d'un tableur Excel élaboré dans les couloirs de Bercy », persifle l’élu. La CMA Nouvelle-Aquitaine a identifié quinze CAP en danger, parmi lesquels la boucherie, la coiffure, la charcuterie... Alors que les aides aux entreprises 
-6 000€ sur dix mois- sont restées stables à la rentrée 2023, la situation jette un voile d’ombre sur des filières voire des établissements ruraux, pour lesquels l’équilibre financier semble déjà difficile à atteindre.

« Il y a encore des négociations(*) et je veux croire que ça va faire bouger les lignes, commente Karine Desroses, présidente de la CMA 86. Mais si la décision était maintenue, cela pourrait aboutir à la fermeture de certaines sections... » De son côté, Christophe Mousseron évalue son niveau d'inquiétude à « 7 ou 8 sur une échelle de 10 ». Et pour cause, le secrétaire général de BTP CFA Poitou-Charentes (Saint-Benoît, Chasseneuil-sur-Bonnieure, Saintes) évalue « entre 5 et 7% » le manque à gagner pour la structure. « Nous allons devoir réfléchir à d'autres modalités pédagogiques, développer la formation tout au long de la vie... »

(*)Le président national de la CMA a rencontré Emmanuel Macron en début de semaine dernière, tandis que les présidents de Régions ont eux aussi tiré la sonnette d’alarme.

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