Le raisin d’Amérique prend racine

S’il semble vouloir se cantonner au sol sableux de la forêt domaniale de Châtellerault, le raisin d’Amérique reste sous haute surveillance. Depuis quelques années, l’Office national des forêts apprend à composer avec cette plante invasive venue d’outre-Atlantique.

Claire Brugier

Le7.info

D’abord de fines fleurs blanches, puis de petites baies noires contenant chacune une dizaine de graines -soit des milliers par an pour un seul pied- et jusqu’à 2,5m de hauteur, le raisin d’Amérique est facilement reconnaissable. Vigne de Judée, épinard de Cayenne, raisin des teinturiers, herbe à la laque, plante à encre rouge… Quel que soit le nom qu’on lui donne, cette plante est originaire du sud-est de l’Amérique du Nord. Comment est-elle arrivée en forêt domaniale de Châtellerault ? 
Le mystère reste entier.

Sébastien Allo, responsable du service forêt à l’ONF, l’a repérée dans la Vienne dès 2017. « Historiquement, il n’y en a pas trace sur la forêt de Châtellerault. C’est à l’occasion de travaux de reboisement que les populations ont explosé, notamment dans ce secteur. » A quelques dizaines de mètres du lac, une parcelle en est couverte. « Le fruit serait toxique, sauf pour certaines espèces d’oiseaux, avance le forestier. La plante est sans doute disséminée par eux... »

Vivre avec

Après s’être inquiété de cette présence envahissante, étrangement localisée en forêt de Châtellerault, l’ONF s’est fait une raison. « Le raisin d’Amérique est très invasif, on ne peut pas lutter contre, donc on s’est adapté. » La plante développe sous terre de gros rhizomes dont il est compliqué, donc onéreux, de se débarrasser. Les produits phytosanitaires, il n’est même pas question d’y penser en forêt domaniale ! « On pourrait aussi broyer les fleurs et les graines, mais cela demanderait là encore des moyens mécaniques très importants, sans compter la consommation de carburant... »

A défaut de pouvoir déloger le raisin d’Amérique, les services de l’ONF ont choisi de vivre avec. « On a constaté qu’il aimait les terrains nus, travaillés et sableux. Lorsqu’il y a de la concurrence, il a tendance à diminuer en densité au fil des années. Aujourd’hui, pour certaines opérations, on attend donc qu’il soit moins présent. » Et surtout, « on veille à ne pas être des vecteurs de déplacement des graines, note Sébastien Allo. C’est pourquoi, depuis son apparition, les engins qui interviennent à Châtellerault sont lavés systématiquement avant d’être utilisés dans une autre forêt. » Le raisin d’Amérique n’a qu’à bien se tenir.

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