Hier
Dans une cabane perchée ou une yourte, sur l’eau ou dans une cellule… Les lieux surprenants pour dormir ne manquent pas. Dans sa nouvelle série « Nuits insolites », la rédaction vous emmène à l’abbaye Saint-Martin de Ligugé.
Deuxième étage, chambre 862 à l’abbaye Saint-Martin de Ligugé. C’est là que je vais passer ma première nuit insolite. Propre, petite et en forme de L, la pièce comporte un lit simple de 90cm, une petite table de chevet, une armoire et un radiateur. Il y a également un bureau sur lequel deux livres religieux ont été posés : Le Nouveau Testament et La Règle de saint Benoît. Deux ouvrages auxquels je ne toucherai pas. La croix fixée sur l’un des murs me rappelle que je suis bien dans le plus ancien monastère d’Occident. Une fenêtre offre une jolie vue sur une partie du parc de quatre hectares.
Contrairement à ce que je craignais, je ne suis pas totalement coupé du monde. Même s’il n’y a pas de télévision, avec mon téléphone j’ai accès à Internet et au réseau. Finalement, je me sens bien à cet instant-là. Exit le superflu, je dispose seulement de ce dont j’ai besoin, ni plus ni moins.
La tranquillité absolue
Il est encore un peu tôt pour aller se coucher. Entre les différentes prières, je déambule dans la cour déserte et le jardin majestueux. Le silence a pris l’ascendant sur tout le reste. Le soir, après les vêpres, vers 19h, je vais me restaurer. Marie-Laure (lire encadré), une quadragénaire en retraite spirituelle pour quelques jours, et Fodé, présent ici depuis longtemps, m’accompagnent. Après avoir lu un texte adressé au « Seigneur », nous mangeons dans un silence tout religieux. Lorsque nous échangeons, nous le faisons en chuchotant. Seuls les sons émanant de la kora (instrument de musique africain) et du tintement des couverts escortent la soirée. Au menu, des raisins, des pommes, de la soupe, du vin de France, du riz, des endives, du porc, du fromage de chèvre s’offrent à nous. Certains de ces aliments proviennent directement du poulailler et du potager de l’abbaye. Rien de plus sain!
La nuit tombée, une fois les vigiles terminées, je retourne discrètement dans ma chambre. L’occasion de méditer sur ma soirée en toute tranquillité. Exténué, il ne me faut pas beaucoup de temps pour tomber dans les bras de Morphée. La nuit passe vite, elle est revigorante.
Une vie rythmée par les prières
Un séjour à l’abbaye est synonyme de vie monacale. Le quotidien des moines est rythmé par les prières. En tout, ils se retrouvent sept fois par jour, dès 7h et jusqu’à 21h30. Par curiosité, j’assiste à toutes les cérémonies. Je note que chaque regroupement est signalé par le tintement de la cloche.
Lors des vigiles (offices de veille dans l’attente et l’espérance de la venue du Christ à l’aube), vêtus d’une robe et d’un scapulaire noirs, une quinzaine de frères entonnent en chœur un mystérieux et agréable chant liturgique. Impossible pour moi de comprendre quoi que ce soit. C’est du latin. Ils passent ainsi du chant grégorien à des phrases plus solennelles, en français. Lesquelles portent sur la miséricorde du « Seigneur ». Il y est souvent fait allusion à la rancune, au pardon ou au péché. Il règne ici une atmosphère de quiétude. La chambre 862 est à l’image de l’abbaye : sans artifice.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.