Valérie Hadey, à cœur battant...

Valérie Hadey. 50 ans. A publié au printemps La foi du cœur, un livre-témoignage onze ans après son cancer du sein. Cette habitante de Vendeuvre s’y raconte sans fard, du verdict médical à la rémission, des douleurs récurrentes aux petits bonheurs familiaux. Signe particulier : fonctionne beaucoup à l’instinct.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis son canapé en cuir crème, Valérie Hadey dispose d’une vue imprenable sur le jardin attenant, petite cascade en pierres entourée de palmiers, bananiers et bambous. Un bouddha trône en bonne place, sorte de vigie zen d’une maison où la maladie est apparue il y a plus d’une décennie. « Ce jardin, il m’apaise. J’ai passé beaucoup de temps à le contempler quand je ne pouvais plus bouger », témoigne la maîtresse des lieux. On est loin de ces vacances presque idylliques en République dominicaine, en mars 2012, où les premiers signes de fatigue se sont invités à la fête. La suite s’inscrit sous le signe du cancer, du sein, de l’annonce brutale au traitement vital, de l’ablation au retour à la vie, des soupapes familiales à la création de l’association Au sein des fées...

« Au culot »

La maman d’Anaé (19 ans) et de Léna (16 ans et demi) a tout consigné dans La foi du cœur, un livre de 250 pages, « une mise à nu » au sens propre comme au figuré. « Je m’y montre telle que je suis, sans rien cacher de ce que j’ai vécu, de mes émotions. Je n’ai jamais lu, jamais écrit, mais ce livre était indispensable pour refermer un chapitre de ma vie. » 
La Vendeuvraise a couché ses maux sur le papier en onze jours chrono, le fruit d’une irrépressible envie de dire, « avec [m]es mots ».
Trois mois de corrections « avec Véronique » -rencontrée dans une séance de méditation- ont été nécessaires pour que le projet s’enracine au format 15x10cm. 
« Au culot », Valérie a « invité tout son répertoire téléphonique » 
à la maison, le 1er avril 2023. Premier carton absolu. « Ma voisine, que je ne connaissais pas beaucoup, l’a lu dans la nuit, elle est revenue vers moi en pleurs le lendemain... »

La native de Latillé à l’enfance cabossée multiplie les remerciements, « émue » de l’accueil qu’on lui réserve de fête des associations en salon du livre (de Chauvigny, où elle a remporté le prix de la plus belle couverture). Elle sera d’ailleurs marraine d’Octobre rose dans sa commune, sur proposition du maire Henri Renaudot. 
De Jocelyne, assistante d’accompagnement à la Polyclinique, elle dit ceci : « Jocelyne fait son travail avec cœur et bienveillance, avec une conscience professionnelle incroyable, une joie rayonnante dans l’aide aux autres... » Même les épisodes les plus compliqués de sa vie prennent un tour « léger ». 
Comme ses retrouvailles avec son père en 2015, après vingt ans d’éloignement sur fond d'alcoolisme. C’était à Pamproux et son sixième sens l’a guidée vers lui, littéralement. L’ancien agent SNCF a même assisté au remariage de sa fille avec Pascal. Valérie appelle ces moments « des miracles de la vie ».

Constamment sur un fil, la 
« Bisounours hypersensible » réalise « toujours ses rêves, petits et grands ». Et même au plus fort de la tempête, elle a trouvé l’énergie de tendre la main aux autres. Avec Au sein des fées, d’autres femmes touchées par le cancer du sein se sont retrouvées, soutenues... L’association a vécu, sa présidente lasse de « perdre des amies en route ». Elle ne peut réprimer un sanglot à l’évocation de quelques-unes d’entre elles. 


Pardon et acceptation

Aujourd’hui, les traces du crabe -douleurs, capacité respiratoire réduite- l’empêchent de reprendre une activité professionnelle après des expériences dans la vente et le commerce. La titulaire d’un CAP coiffure ne se tourne pas les pouces pour autant, tout occupée à planter quelques graines de bonheur dans son environnement. Valérie rêve de collecter des fonds pour quatre associations qui lui 
« tiennent à cœur », sait déjà qu’il y aura « un deuxième livre », 
anticipe les futures séances de dédicace, avec Pascal à ses côtés. « Il joue du handpan et moi je rencontre les lecteurs ! C’est quelqu’un de très calme, cartésien, qui dit toujours du bien des autres. Pascal m’est indispensable. » Il est de tous les albums photo que Valérie, amoureuse du vivant, prépare avec une gourmandise non feinte. Il était là aussi, déjà, dans le cabinet de la gynécologue où le couperet est tombé, glaçant, avec des mots dénués d’empathie. Rétrospectivement, Valérie a pardonné car l’acceptation fait partie de ses valeurs cardinales. C’est écrit noir sur blanc, tel un mantra pour le reste de son existence. Sacrée mise à nu.

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