Une soixantaine de participants (fédérations d'agriculteurs, MSA, médecins, représentants des formations) ont pris part hier au comité du mal-être agricole organisé à la préfecture de la Vienne. Il s'agissait de monter un plan d'action opérationnel après la réalisation d'un diagnostic, avec collecte de témoignages, afin d'identifier les enjeux et les outils à mettre en place. "Les problèmes familiaux, les difficultés structurelles, le poids de l'héritage d'une exploitation sont des éléments qui reviennent beaucoup, constate Jean-Marie Gautier, président de la MSA Poitou. Il y a des besoins, comme mieux former les jeunes agriculteurs aux façons de traverser les crises, ou améliorer la concertation avec les banques puisque les problèmes financiers sont souvent des facteurs importants du mal-être."
2022 avait été funeste pour la profession dans le département, avec sept suicides d'agriculteurs relevés sur l'année. Le week-end dernier, un exploitant de 39 ans a mis fin à ses jours dans les environs de Loudun. Pour repérer et pouvoir venir en aide à ceux qui souffrent, "un réseau de 186 sentinelles est déployé dans la Vienne", annonce le préfet. Une fiche réflexe a également été diffusée aux partenaires pour pouvoir signaler au plus vite un risque suicidaire et transmettre les informations aux professionnels de l'accompagnement psychologique. Enfin, le préfet a annoncé le déploiement du dispositif Papageno pour enrayer le phénomène de "contagion suicidaire". Il s'agit d'une formation de sensibilisation pour les élus et les professionnels de l'information aux recommandations de l'Oorganisation mondiale de la Santé sur les façons de parler du suicide. "Il a été observé qu'un traitement médiatique approprié d'un suicide a un effet bénéfique sur sa prévention, relate Jean-Marie Gautier. Cela consiste notamment à ne pas dévoiler le moyen utilisé, ne pas donner trop de détails qui pourraient pousser une personne déjà fragilisée à un passage à l'acte."
Un numéro de téléphone, le 3114, garanti une écoute confidentielle avec un professionnel de santé 24h/24. L'hôpital Henri-Laborit a également rappelé l'existence d'un accompagnement psychologique gratuit pour les familles ou les proches endeuillés après un suicide, grâce à vingt psychologues répartis sur le département.