Conseiller départemental en charge des entreprises en difficulté, Matthieu Desmarets assure l’interface entre les dirigeants et l’administration. De la crise sanitaire aux conséquences des émeutes, en passant par l’inflation, son activité quotidienne ne faiblit pas.
Les conseillers départementaux à la sortie de crise ont vu le jour après la pandémie. En quoi consiste exactement votre rôle ?
« Je suis arrivé dans la Vienne il y a quatre ans comme adjoint à la directrice départementale des finances publiques. J’ai endossé ce rôle en 2020 et je suis aujourd’hui référent auprès des entreprises en difficulté. Je suis en lien permanent avec les services de la préfecture, de l’Urssaf, de la Banque de France et les acteurs socio-économiques. »
Concrètement, dès que les entreprises éprouvent des difficultés, quelle qu’en soit la nature, elles peuvent vous contacter ?
« Oui, c’est exactement cela ! Evidemment, les sollicitations n’ont pas été identiques pendant la crise sanitaire, au moment du pic d’inflation liée à l’énergie, et lors des récentes émeutes. Là, une quarantaine d’entreprises seulement ont été touchées. Après la pandémie, nous avons dû dénouer des situations complexes. Cela a permis de montrer la réactivité et l’efficacité des services de l’Etat et, à travers moi, de personnaliser la relation. Cela s’est résumé en trois mots :
détecter, orienter et traiter. Les services de l’Etat ont travaillé dans le respect du secret bancaire, fiscal et des affaires. »
Concrètement, combien d’entreprises vous sollicitent chaque année ?
« En 2022, nous étions à 130 entreprises. Au moment de la crise sanitaire, sous sommes montés à plusieurs centaines avec les questions liées au fonds de solidarité. J’ai une équipe à mes côtés qui permet de répondre rapidement. »
Avez-vous senti un changement de regard des chefs d’entreprise sur l’administration ?
« Je pense effectivement qu’ils ont le sentiment que la proximité est au rendez-vous. On ne peut pas toujours apporter les réponses dans l’immédiat, mais on enregistre leurs demandes. On l’a vu lorsque les boulangers se sont retrouvés en difficulté avec leur facture énergétique. C’est une approche humaine. »
Même dispositif
après les émeutes...
« Le préfet a organisé deux réunions à Châtellerault et Poitiers avec les acteurs économiques. Nous avons réalisé un recensement des commerçants touchés, une quarantaine, dont trente à Poitiers, en identifiant les dommages : pillage, bris de glace, incendie... Chaque situation a nécessité une réponse individualisée. Nous avons été très vigilants au fait que les banques et les services de l’Etat soient bienveillants vis-à-vis des commerces touchés. Certains attendent encore une expertise de l’assurance. On garde donc le contact, on veut éviter que des grains de sable administratifs s’ajoutent à d’autres difficultés. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu un choc psychologique. »
La rentrée s’annonce-t-elle délicate pour les entreprises du département ? Y a-t-il davantage de dépôts de bilan ?
« Nous sortons d’une année de forte croissance post-Covid, on est encore sur cette tendance. Les données économiques restent favorables, mais on sent une légère inflexion. On rejoint peu à peu la situation de 2019 en termes de redressement judiciaire et de dépôt de bilan. Au-delà, nous avons récemment signé une convention avec le tribunal de commerce pour mieux identifier les problèmes des entreprises et alerter. Les dirigeants ont encore du mal à aller vers le tribunal de commerce. Ce n’est pourtant pas une sanction. »
Contact : codefi.ccsf86@dgfip.finances.gouv.fr
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