Hier
Noël avant l’heure à l’Arena
A l’issue d’un match très serré, le PB86 a fini par l’emporter face à Pau à l’Arena Futuroscope (77-72). De bon augure avant de clore l’année à Orléans vendredi prochain.
En ce jour de mi-juillet, Bella et Jazzy sont à quelques kilomètres de Pouzeau, un lieu-dit de Saint-Sauvant. La jument de sport, que sa propriétaire qualifie avec une affection féroce de « pétasse histrionique exigeante » -« si c’était une fille, ce ne serait pas ma copine ! »-, et son compère, un cheval de course réformé, crèchent non loin de chez Camille Boutron. Sous le grand tilleul de sa propriété, trois hectares de pré quand même, la néo-Poitevine disserte autour de sa passion, l’équitation, et de son « rêve ultime ». « J’ai toujours voulu une maison avec suffisamment d’espace pour avoir des chevaux, même quand j’habitais en Colombie. C’était le bon moment. » Nous y voilà. La sociologue globe-trotteuse et son compagnon ont planté leur drapeau dans ce coin de Grand Poitiers, où la défense de la piscine municipale agit comme un aimant humain. Camille en est.
Sa passion de l’équitation la tient en éveil depuis des lustres. Sa spécialité : le concours complet, dressage, saut et cross. Une discipline de moins en moins pratiquée vu les infrastructures nécessaires. Aussi loin qu’elle se souvienne, la Parisienne a toujours voulu « faire du cheval ». « Avec mon père, le deal était clair. J’étudie, tu me paies le cheval. » Le deal a fonctionné jusqu’à la maîtrise d’histoire. Et puis, « plusieurs facteurs ont fait que je ne me suis pas lancée ». A défaut de faire carrière, la fille de réalisateur et de comédienne (« un peu, surtout électron libre ») se réfugie chez sa mère au Canada, envisage de devenir « artiste de cirque »... comme sa sœur. Et prend finalement un billet pour Lima, au Pérou. Deux mois de découverte au programme avec retour par Quito. « Un déclic. » « Là-bas, ma vie a changé. J’ai compris que mon monde était extrêmement petit. Ça a été un bouleversement, une deuxième naissance. »
A son retour en France, elle renoue avec ses études, avec un doctorat de sociologie, bien décidée à retourner au Pérou. Son étude de terrain -cinq mois- porte sur les femmes dans la police. Elle enchaîne en Colombie, avec une étude plus vaste encore sur les femmes dans les guérillas armées. Avec le conflit entre les Farc et le gouvernement en toile de fond. « J’étais pote avec le gardien d’Ingrid Betancourt (la Franco-Colombienne a été otage des Farc entre 2002 et 2008, ndlr). Ça permet de comprendre la complexité des situations. »
Au total, Camille Boutron aura passé quinze ans en Amérique latine, jusqu’en 2018. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, elle n’aime vraiment la sociologie que « depuis cinq ans » et son retour en France. « Ce qui m’a toujours « bougée », c’est le terrain. Je n’ai jamais eu peur. La seule frousse que j’ai, c’est quand je conduis mon van et que je me rends compte que la voiture patine dans une côte ! Ou alors en concours de saut d’obstacles. J’ai un trauma avec ça. » Lorsque la situation se produit, elle se raisonne facilement. « J’ai déjà pris la parole à l’Otan devant deux cents militaires en anglais, alors... » A chacun ses petites phobies et ses grands élans de spontanéité. L’ex-chargée de recherche à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire parle cash, sans détour. « Complètement féministe », elle revendique une sociologie de tous les instants et déplore que « tout débat devienne impossible dans ce pays. J’ai l’impression d’être au Pérou au début des années 2000 ! » Alors Camille Boutron devrait laisser de côté la recherche, lassée par un système universitaire un peu trop autocentré et en proie à des guerres de clochers. Elle a pourtant adoré enseigner, quatre ans à Sciences-Po Poitiers. C’est comme ça du reste qu’elle a découvert la Vienne. Le monde est petit.
La suite ? L’écriture d’un bouquin sur les femmes combattantes la tient en éveil. « L’idée, c’est de proposer une analyse critique féministe de la guerre à partir des femmes qui la font. » La suite logique de ses précédentes missions. « Je finirai par dire que la guerre, c’est nul ! » Enième éclat de rire. Un documentaire devrait suivre, sachant que la sociologue siège aussi au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes et, demain peut-être, à la commission spéciale de l’Otan chargée du suivi de la mise en œuvre de l’agenda Femmes, paix et sécurité.
Dans le futur, il sera aussi question d’équitation, forcément. Bella et Jazzy ne camperont pas éternellement à trois kilomètres de la maison. Et tant pis si les rêves de conquête de l’or olympique de la sociologue se sont évanouis au fil des décennies. Camille Boutron a pris d’autres chemins pavés de sacrées rencontres.
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