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Stéphane Galerneau défend les artisans d’art
Catégories : Commerce, Dossier Date : mardi 27 juin 2023A 58 ans, Stéphane Galerneau a été élu président d’Ateliers d’art de France, syndicat professionnel des métiers d’art. Le fondeur installé à Nouaillé-Maupertuis entame son mandat avec la volonté de mieux faire connaître ses pairs et leurs savoir-faire.
Comment se portent les artisans d’art français ?
« Nous sommes tous très dépendants des foires-expositions et des marchés, le Covid nous a donc coupé les vivres. Il y a eu des aides mais pas mal de métiers sont en limite de survie, avec des artisans contraints de prendre un deuxième job à côté. L’inflation est un vrai combat aussi. La hausse des coûts de l’énergie a surtout touché les arts du feu (verriers, fondeurs, etc.), qui ont plutôt rogné sur leurs marges. Pendant cette période, il y a eu des appels d’offres pour créer des pôles d’intérêt économique où on mutualise les outils et donc les charges. Malgré tout, le Covid a amplifié le taux de reconversion vers l’artisanat des personnes passionnées par nos métiers. On a une belle relève. »
La ministre de la Culture et son homologue du commerce ont dévoilé le 30 mai un plan de 340M€ pour les métiers d’art. Une bonne nouvelle ?
« On reste assez vigilant car une grosse part va aller à l’industrie de luxe. Or il y a 281 métiers d’art et 87% des ateliers sont des entreprises unipersonnelles. Par nature, l’artisan doit être créatif, avoir un savoir-faire dur et long, et vivre de son métier dans un atelier en France. Ce plan crée une confusion, de la même façon que le label Entreprise du patrimoine vivant (EPV), créé à l’origine pour les métiers d’art, a ensuite été ouvert aux métiers de bouche. Le crédit d’impôt en faveur des métiers d’art (CIMA) est également attribué aux industriels. Notre revendication est plutôt qu’il soit seulement soumis à l’impôt sur le revenu, pas à celui sur les sociétés. C’est pourquoi on demande des codes APE différents (l’activité principale exercée). Il faut aussi former les politiques à mieux connaître nos métiers. »
La visibilité de vos entreprises est-il le principal enjeu des prochaines années ?
« On nous situe très mal, les gens nous confondent souvent avec les loisirs créatifs. En France, il faut encore conquérir la reconnaissance que l’on a à l’international. C’est dans cet esprit que j’ai monté l’association Artmada, il y a quelques semaines. La Ville de Poitiers nous met à disposition sa boutique éphémère en juillet et en août. Pour que ça marche, il faut que tout le monde joue le jeu : la collectivité, la Chambre de métiers et de l’artisanat et les artisans. Sur le site d’Ateliers d’art de France, on a « régionalisé » notre marketplace pour que les gens du coin connaissent leurs artisans. A terme, nous voulons proposer une géolocalisation des professionnels des métiers d’art, en lien avec des parcours touristiques, culturels. La nouvelle clientèle se trouve là, sur les plateformes numériques. A titre personnel, j’ai fait basculer 35% de mon chiffre d’affaires sur ma page Instagram. Être présent sur les réseaux est quelque chose de contraignant, mais c’est aussi ce qui fait exploser les ventes. »
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