Aujourd'hui
A la mi-2023, tous les secteurs de l’artisanat ne sont pas logés à la même enseigne sur le plan économique. Ceux du bâtiment craignent notamment de vivre un deuxième semestre très dégradé. Explications.
Au plus fort de la tension sur le coût des énergies, les boulangers, et dans une moindre mesure les bouchers-charcutiers, ont occupé le devant de la scène à leur corps défendant. Quelques mois plus tard, « le secteur alimentaire s’en sort mieux, dixit Karine Desroses, présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Vienne. Après le pic des tarifs, on a eu quelques difficultés à régler les factures auprès des fournisseurs d’énergie mais c’est du passé, d’autant que les prix du gaz et de l’électricité ont baissé. » Reste les prix des matières premières, toujours élevés et difficiles à répercuter sur les consommateurs. Mais là aussi, la courbe n’est plus ascensionnelle.
En revanche, la vice-présidente de la Région se montre plus inquiète pour les artisans du bâtiment dont « les carnets de commande ne se remplissent pas ». La note de conjoncture de la Fédération française du bâtiment de la Vienne confirme la contraction à venir sur le second semestre 2023. Le nombre de déclarations d’ouvertures de chantiers et de permis de construire sur les logements -sur douze mois glissants- a chuté de 28,6%. Même tendance catastrophique s’agissant des locaux non résidentiels (-25,5%). Dans la même période, moins de logements neufs ont été commercialisés auprès des particuliers (-8,8%). La hausse des taux d’intérêt explique en partie cette situation tendue qui devrait se matérialiser davantage au second semestre 2023. « Les artisans qui ont l’habitude de travailler pour des constructeurs vont se rabattre sur d’autres marchés, craint Carine Courtaudière, secrétaire générale de la FFB86. Et on devrait assister à une bagarre sur les prix. » Si la construction neuve vit une situation « très alarmante », le secteur de la rénovation, a fortiori énergétique, est porté par les dispositifs de l’Etat, MaPrimeRénov’ en tête.
A l’échelle nationale, la Fédération française du bâtiment craint la perte de « 100 000 à 150 000 emplois » à l’horizon 2024. « Localement, nos chefs d’entreprise ne prennent plus le risque d’embaucher alors qu’ils étaient plus confiants en début d’année », ajoute Carine Courtaudière. Karine Desroses espère que le BTP ne sacrifiera pas l’apprentissage pour autant, l’expérience de 2008 en tête. « On s’était retrouvé avec un creux de main-d’œuvre quand la conjoncture s’est améliorée. » L’emploi, c’est d’ailleurs le sujet n°1 de préoccupation dans la coiffure ou les métiers de bouche. Un paradoxe alors que toutes les sections du CFA des métiers de Saint-Benoît devraient afficher complet à la rentrée 2023. « Les apprentis sont nos futurs salariés et chefs d’entreprise », conclut la présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Vienne.
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