Le Regard de la semaine est signé Mathieu Beaulieu.
Qui aurait pensé que je me retrouverai un jour devant des élèves, dans mon ancien lycée, à jouer le rôle d’enseignant ? En fin d’année dernière, j’ai vécu cette expérience inédite que je souhaite partager avec vous. Tout a commencé en septembre dernier, avec une sollicitation d’Alice Loizeau-Chevallier, enseignante en bac professionnel artisanat et métiers d’art option communication visuelle et plurimédia pour une intervention en tant que photographe. Un lien naturel s’est instantanément créé avec les équipes pédagogiques. Le hasard faisant bien les choses, le lycée cherchait un remplaçant en génie électronique. C’est ainsi qu’après avoir passé un entretien, on m’a confié des heures de cours.
Comme collègues, j’ai retrouvé plusieurs de mes anciens professeurs, dont Axel Pagès, enseignant en génie électronique, qui m’a accompagné tout au long de ma mission. Je me suis senti en confiance auprès d’une équipe bienveillante, dans laquelle je n’ai eu aucun mal à m’intégrer. J’ai dû préparer mes cours en un week-end, ce qui représente une charge de travail assommante. Le lundi, j’étais devant un groupe d’élèves âgés de
16 à 18 ans. Le premier soir, je me suis interrogé sur ma présence dans cette salle de classe car j’ai trouvé ça extrêmement difficile. Cependant, de nature persévérante, j’y suis retourné la semaine suivante. C’est au fil des heures de cours que j’ai commencé à y prendre goût.
J’ai découvert des élèves aux besoins différents. Il y a ceux qui sont autonomes, ceux qui peuvent, mais qui préfèrent distraire le groupe, ceux qui baissent les bras… Cette réalité m’a obligé à m’adapter à chacun d’eux, pour les accompagner au plus près de leurs besoins. J’ai essayé de maintenir un climat disciplinaire positif, avec un respect mutuel et une forme de convivialité. Les élèves n’ont pas toujours de filtres dans leurs propos et sont parfois dotés d’une répartie surprenante qu’il faut savoir modérer. Néanmoins, je garde en mémoire que les échanges et leur contact ont été riches, intéressants et parfois stimulants. C’est clairement ce que j’ai préféré dans cette expérience.
À la fin de ma mission, les élèves m’ont fait part de leur reconnaissance et leurs mots ont été touchants. J’ai aussi été félicité par certains collègues et même encouragé à poursuivre dans l’enseignement. Rien ne me prédestinait à cela, pourtant j’ai aujourd’hui entrepris des démarches pour entamer une reconversion professionnelle. Ce métier, exigeant mais passionnant, apporterait du sens à ma vie professionnelle. Seul le temps nous dira si je parviendrai à atteindre mon objectif. Chers lecteurs, ainsi se termine ma dernière chronique. Merci à vous de m’avoir lu. Vous pouvez me suivre sur les réseaux sociaux, à travers la page de mon livre C’est l’histoire d’un Asperger.
Prenez soin de vous et de vos proches.
CV express
Châtelleraudais depuis toujours, je suis un « touche-à-tout ». Diagnostiqué autiste à 32 ans, je suis aujourd’hui auteur, artiste, photographe, conférencier, musicien, programmeur informatique... Je suis une personne atypique qui semble venir d’une autre planète. Je ne rentre dans aucune case et je considère ma différence comme une force.
J'aime : faire des recherches sur certains sujets, apprendre encore et toujours plus, m’investir humainement, la nature, les animaux, aider les autres, la pluie, l’orage et, surtout, les pâtes.
J'aime pas : la manipulation, l’individualisme, la rétention d’informations, la politique et l’inaction.