mardi 24 décembre
Quand l’école s’invite à l’hôpital… Chaque jour, deux enseignantes font classe à des enfants de 3 à 18 ans hospitalisés plus ou moins longtemps. Une façon de les aider à se projeter vers l’avenir.
La salle de classe est aménagée dans le service de pédiatrie, au 9e étage de la tour Jean-Bernard. Ce jour-là, Marie Emery vient à peine d’arriver que Daniel, un jeune Géorgien, se présente déjà à la porte. « Ce n’était pas prévu mais on va faire une séance de classe », décide l’enseignante. A l’école du CHU de Poitiers, le maître-mot, c’est l’adaptation ! Et quand un enfant démontre un tel enthousiasme, il ne faut surtout pas le stopper dans son élan. « Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les enfants sont plutôt contents de venir à l’école. Pour beaucoup, c’est un moyen de se raccrocher à la normalité », insiste sa collègue Fabienne Sicard. Toutes les deux enseignantes spécialisées, fonctionnaires de l’Education nationale, elles ont œuvré pendant plusieurs années en Réseau d’éducation prioritaire et en Unité locale d’inclusion scolaire (Ulis) avant d’occuper ces deux postes à temps plein en milieu médicalisé.
Des cours multi-niveaux
Les élèves ont entre 3 et 18 ans et sont atteints de pathologies lourdes comme un cancer qui les obligent à rester hospitalisés plusieurs semaines. D’autres aussi, victimes d’un accident, concernés par une maladie chronique telle que le diabète ou affectés en psychiatrie, effectuent des passages plus courts mais réguliers dans les services du CHU. Quel que soit leur profil, l’objectif est identique : assurer la sacro-sainte continuité pédagogique. « Pour cela, nous sommes en contact avec les équipes des écoles d’origine des élèves, on utilise leurs méthodes, leurs supports », explique Fabienne, arrivée en 2003. La plupart du temps, c’est elle qui se rend au chevet des jeunes malades dont les défenses immunitaires sont faibles. Mais dès que possible, direction la salle de classe en petits groupes. « Pour le coup, on fait du multi-niveaux, même les cours de collège et de lycée, et j’aime beaucoup, assure Marie, titulaire de ce poste depuis 2017. Tout se prépare, sauf les langues si on ne les maîtrise pas. Il faut savoir dire qu’on ne pourra pas les aider. »
Les séances se déroulent entre 9h30 et 17h. Les horaires dépendent des examens, de l’état de forme du moment et de tous les contretemps rencontrés dans un service hospitalier. « On échange beaucoup avec le personnel médical et la famille quand elle est là, mais on ne fait aucun acte de santé. » Les deux collègues assurent faire preuve de « la même exigence » qu’en milieu ordinaire. « Notre premier regard ne va pas sur la maladie. » Toutefois, certains patients finissent par décéder. « C’est dur, on n’y est pas préparé à cela, on ne s’y attend pas. Il faut se remobiliser pour les autres, heureusement on est deux », confie Marie. Chaque année, les deux enseignantes emmènent aussi des élèves jusqu’au brevet et au bac. Et donnent le maximum pour que ces ados se projettent vers l’avenir.
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