Hier
Noël avant l’heure à l’Arena
A l’issue d’un match très serré, le PB86 a fini par l’emporter face à Pau à l’Arena Futuroscope (77-72). De bon augure avant de clore l’année à Orléans vendredi prochain.
Son nom restera assurément associé à l’Ecole d’arts plastiques de Châtellerault. Gildas Le Reste l’a vue naître et fait grandir pendant presque quarante ans. Il en a été le premier directeur, l’unique jusqu’à peu. Le sexagénaire vient de refermer la porte sur cette aventure débutée en 1985 sous l’impulsion d’Edith Cresson. La maire de Châtellerault, future Première ministre, ne s’était pas trompée en confiant les clefs de ce projet à un jeune Breton de 24 ans, fraîchement sorti des Beaux-Arts de Tours, enseignant ici, là et déjà à Châtellerault dans un lieu improbable qui mêlait peinture, dessin technique -un héritage de la manufacture d’armes-, couture aussi...
Mu par sa passion de l’art, Gildas a doucement bâti cette nouvelle école, écumant les trains entre Châtellerault, Paris, Nantes ou encore Orléans pour lui offrir un réseau de talents, un fonds d’œuvres remarquables et de belles expositions. « Je ne veux pas jouer les anciens combattants, mais je ne comptais pas mes heures, lâche le jeune retraité de 63 ans. L’important était de faire les choses. Et puis j’ai eu la chance d’être un peu parrainé par un grand critique d’art français jusqu’à l’an 2000, au jour de son suicide. » Bernard Lamarche-Vadel a ouvert au jeune homme son carnet d’adresses et ses réflexions sur l’art. Dominique Rouzié, alias « Minouche », en a fait de même dans le Châtelleraudais. « Grâce à elle, j’ai eu une attache locale précipitée. » Le Quimpérois d’origine n’a plus jamais levé l’ancre. Il a continué de naviguer entre les bords de Vienne et Paris, où il demeure désormais. « Je retourne en Bretagne de temps en temps mais je n’y ai vécu que 21 ans. J’ai passé plus de temps en France que là-bas ! (sic) plaisante-t-il. Et puis je suis plutôt un homme des villes. »
« Je n’ai jamais ressenti de semelles de plomb »
Au fil des ans, l’ancien pensionnaire de la Villa Médicis (1992-1993) a invité de grands artistes à semer leurs œuvres dans sa ville d’adoption. « Châtellerault est l’agglomération de Nouvelle-Aquitaine où il y a le plus d’œuvres d’art en milieu urbain. » Jacques Villéglé, Jean-Pierre Pincemin, Jean-Michel Alberola, l’Argentin Antonio Segui, Jean-Luc Vilmouth… « Il y a eu beaucoup de monde. Nous faisions une exposition tous les deux mois. Nous avons édité près de cent cinquante livres d’artistes ! » Autres temps, autres moyens… « Je n’ai jamais ressenti de semelles de plomb le matin en allant travailler. » Voilà une quinzaine d’années, cumulant la direction de l’Ecole d’arts plastiques, du Centre d’art contemporain et de l’Artothèque, Gildas a dû ranger sa blouse tachée et crayonnée de professeur. « Mais j’ai aimé enseigner. Il ne s’agit pas seulement de transmettre un savoir, ce qui serait ennuyeux. Le plus intéressant est de chercher les réponses aux questions des élèves. On a autant à apprendre qu’à délivrer. »
Comment cette passion indélébile pour l’art est-elle née ? Le destin est malicieux. « Mon père avait une entreprise d’ébénisterie. J’ai été élevé par ma grand-mère, confie, pudique, l’aîné d’une fratrie de quatre enfants. Je m’ennuyais tellement que je passais mon temps à dessiner. » Plus tard, « j’ai souvent travaillé entre deux villes, parfois trois. Dans le train j’avais toujours un carnet de dessin, des projets de peintures… J’ai toujours essayé de m’ennuyer. » Aujourd’hui encore, il se plaît à explorer le dessin au Bic en s’amusant à gommer ce stylo prétendument ineffaçable. « Le travail en atelier permet de penser à ce que vous faites ailleurs. Léonard de Vinci disait que l’art est cosa mentale. Il est un moyen de réfléchir sur soi et sur ce qui se passe autour de soi. » De faire une pause aussi pour mieux repartir, vers Barbizon où Gildas expose actuellement dans le cadre d’une exposition hommage à Picasso, vers la Bibliothèque nationale pour participer au jury du prix Lacourière (gravure), pour travailler avec le peintre allemand Jan Voss sur le prochain livre publié par sa maison édition -dont l’imprimeur est à Naintré-, ou pour écouter de la musique baroque. « C’est quelque chose de dément ! J’en suis fou, jusqu’à en pleurer parfois. » Le père de deux grands garçons a conscience d’être « suractif ». « Mais comme l’a dit saint Augustin : celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion. »
Photo : Corentin Le Reste.À lire aussi ...