Aujourd'hui
Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Auriez-vous parié sur une telle mobilisation avant
le 19 janvier dernier ?
« C’est toujours compliqué de faire des pronostics car aucun mouvement ne se ressemble. On ne sait pas la veille d’une manifestation qui va se mobiliser. Quand Philippe Martinez a dit la première fois qu’on allait dépasser le million, on espérait qu’il ne se planterait pas ! Il avait senti les choses. »
Le fait que les syndicats soient unis dans la lutte
a-t-il changé la donne ?
« Oui ! Mais cette intersyndicale n’a pas vu le jour le 19 janvier. On y a travaillé avant l’été 2022. Après, lorsqu’on a parlé de la mobilisation, le mot d’ordre a été de sortir au bon moment. Emmanuel Macron nous a un peu aidés en décalant les annonces après les fêtes de fin d’année... »
Il y a eu de fortes mobilisations dans la rue, y compris dans la Vienne, mais peu de salariés en grève...
« Certains secteurs se sont bien mobilisés, mais on voit bien que beaucoup de gens qui ont manifesté sont des salariés de petites entreprises n’ayant pas l’habitude de faire grève. Après, il y a autre chose que la bataille des retraites, la ruralité qui s’invite dans le mouvement avec la question des services publics... 500 personnes à Montmorillon, c’est un truc de fou ! Idem à Civray ou à Loudun. A Poitiers, les chiffres sont aussi historiques. Voir
22 000 à 25 000 manifestants le 7 mars, c’est du jamais-vu hormis peut-être en 2006 contre le CPE. 10 000 personnes un samedi en période de vacances scolaires, c’est aussi inédit. »
La CGT enregistre un nombre d’adhésions record (Le 7 n°603). Les syndicats ont-ils retrouvé leur légitimité après l’épisode des Gilets jaunes ?
« A l’échelle nationale, on est à plus 30 000 adhérents entre 2022 et 2023, soit 200% d’augmentation. C’est significatif. Il y a cinq ans, on nous disait qu’on était morts... La défiance est encore présente, on le constate dans les élections professionnelles. Mais le mouvement des Gilets jaunes était davantage citoyen, lié à un ras-le-bol. On a eu un peu de mal avec cela, il a fallu du temps pour apprendre à se connaître. Pour Emmanuel Macron, les syndicats, c’est le vieux monde. Ce n’est pas un Président de la République, c’est un directeur d’entreprise. »
Une femme à la tête de la CGT, qu’est-ce que cela vous inspire ?
« Je me suis toujours décrite comme pas féministe mais appartenant à une organisation syndicale qui l’est. Plus j’avance, plus je le deviens ! L’arrivée de Sophie Binet à la tête de la CGT est une bonne chose, c’est la première comme je l’avais été dans la Vienne. L’équipe autour d’elle représente bien la CGT dans son ensemble. Pour les femmes qui hésitent à se syndiquer, cela peut donner confiance. »
Vous intégrez vous-même le bureau confédéral. Avec quelles missions ?
« On n’a pas encore pu s’attribuer les rôles en détail compte tenu de la lutte contre la réforme des retraites. Mais je vais plutôt être sur la partie dédiée à la vie syndicale, le renforcement des effectifs, la formation, les élections... Je passe entre trois et quatre jours par semaine à Paris. »
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