Le jardin bat en retraite

Après deux exercices post-Covid euphoriques, le secteur du jardin a affiché en 2022 un recul de son activité. L’inflation est passée par là et la sécheresse, elle, n’a pas été sans impact sur l’activité des paysagistes et les habitudes de consommation.

Steve Henot

Le7.info

Beaucoup de Français ont redécouvert leurs extérieurs et les joies du jardinage pendant les confinements successifs, ce qui avait considérablement boosté le secteur du jardinage en 2020 et 2021. Et en 2022 ? « Après deux années exceptionnelles, on est plutôt en recul, explique Xavier Cousin, responsable du magasin Gamm Vert à Châtellerault. Avec la fin de la pandémie, les gens se sont retournés vers d’autres loisirs et l’inflation a aussi freiné la consommation. »


Avec des augmentations comprises entre 10 et 15% sur les graines et semences, certains ménages ont reconsidéré leurs priorités d’achats. Selon la dernière enquête menée par l’association Promojardin, le marché s’est replié de 6% en France en 2022 (8,5Md€ de chiffre d’affaires), tandis que les volumes ont reculé de 13%. 
« Sur la partie production, nous restons compétitifs, précise toutefois Marion Deshoullières, co-gérante des Serres horticoles de Vivonne. Il sera toujours plus intéressant, financièrement, de cultiver son potager que de payer ses légumes en magasin. » 
A condition d’avoir la main verte, bien entendu ! 


La sécheresse change (un peu) la donne

Si 2022 est restée une belle année pour les paysagistes de la Vienne -en aménagement et en entretien-, 2023 semble marquer le pas. Et ce malgré un prix des matières premières à la baisse. « La demande est moins importante sur les trois premiers mois de l’année, déplore Stéphane Cothet, dirigeant de Brunet Paysages. On sent un réveil doux, qui est à confirmer. » Là aussi, l’inflation pèse. Et la sécheresse, surtout, contraint les professionnels à investir. « Pour cette année, on va acheter une cuve à eau de 50m3, achat auquel il faudra ajouter un coût d’installation non négligeable. » Pour autant, il n’est pas encore question de planter des végétaux méditerranéens dans la Vienne !


« Les restrictions d’eau des derniers mois ont orienté certains achats, observe également Xavier Cousin. Dès qu’il pleut, on vend davantage de cuves à eau. » Aux Serres horticoles de Vivonne, les clients ont davantage plébiscité les arbres, dans l’espoir de faire de l’ombre dans leur jardin. « Avant le Covid, la tendance était plutôt aux fruitiers, se souvient Marion Deshoullières. Les gens se sont tournés vers des plantes plus résistantes comme les vivaces, moins gourmandes en eau. » Il y a donc encore à faire dans nos jardins pour pouvoir y supporter un climat sec. C’est d’ailleurs ce qui tend à rassurer le secteur : même en recul, le marché reste 17% au-dessus de son niveau de 2019, avant la pandémie.

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