Recherche agents désespérément

A un an des Jeux olympiques de Paris, on cherche partout en France de nouveaux agents de sécurité privée. La Vienne n’échappe pas à la pénurie de main-d’œuvre, même si les formations se sont multipliées.

Selon les chiffres du Groupement des entreprises de sécurité privée, le principal syndicat, 20 000 emplois pourraient être pourvus immédiatement dans le secteur. Les besoins sont tels que le gouvernement a choisi de lancer un plan de formation de 
3 000 jeunes pour ne pas manquer d’effectifs lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. L’enjeu n’est pas mince. « Nous avons refusé un gros contrat du côté de Saumur faute de personnels », témoigne Mickaël Lambert, co-dirigeant de Securit Dog Man (230 salariés), dont le siège se trouve à Dissay. Le chef d’entreprise se dit prêt à recruter « 40 personnes » 
sur le champ. « On envisage d’ouvrir ou de reprendre des agences dans le Bordelais et en Vendée, c’est nécessaire de se préoccuper des questions de personnels. »

« On se plie en quatre »

Securit Dog Man dispose de clients fidèles, notamment dans la grande distribution. Mais l’événementiel nécessite des renforts, comme le Festival de la BD d’Angoulême, où « entre 60 et 80 agents et chauffeurs » 
ont été dépêchés en Charente. Histoire de sécuriser son avenir, l’entreprise disséenne préfère désormais former ses futurs agents grâce aux Actions de formation préalable (AFPR) mises en place par Pôle Emploi. 
« Le savoir-faire, ça s’apprend pour peu que la motivation et l’envie soient présentes chez le candidat », embraie Mickaël Lambert. Rémunération, horaires décalés, aspirations post-Covid.... Beaucoup d’obstacles se dressent sur la route des entreprises de sécurité. Mais rien de rédhibitoire. Des négociations entre le GES et les organisations syndicales ont abouti à des revalorisations syndicales (+ 7,5% au 1^er janvier 2023), à l’établissement d’une grille à partir des activités réelles des agents (agents spécialisés, experts, référents...) et à une révision des barèmes d’ancienneté.

N’empêche, de nuit ou de jour, dans un magasin ou sur un site sensible, les métiers de la sécurité nécessitent une bonne dose d’adaptation compte tenu de leur diversité. « Chez Securit Dog Man, on se plie en quatre pour les plannings », assure Mickaël Lambert. La crise sanitaire a toutefois détourné 
« certains salariés en CDD 
faute de travail pendant plusieurs mois. Certains sont chauffeurs-livreurs avec beaucoup moins de contraintes, il faut le dire ». Ces « contraintes » conduisent les entreprises à être moins souples avec leurs clients. Le temps minimum d’intervention s’élève désormais à 
4 heures. « On vend une prestation globale de sécurité, pas une heure d’agent », conclut le spécialiste.

 

Une formation à l’Afpa de Châtellerault

Lancée en 2020 à l’Afpa de Châtellerault, la formation d’agent de sûreté et de sécurité privée permet à des personnes en reconversion d’obtenir une solide qualification en quelques mois.

L’image de l’agent de sécurité bodybuildé et intimidantpar sa seule présence a vécu. « Le métier est beaucoup plus complexe qu’on ne le pense », assure Chaabane Merabtene, formateur à l’Afpa de Châtellerault. Ce jour de février, six apprentis à la « fonction » écoutent ses conseils avant de partir quelques semaines plus tard en stage. Puis d’être embauchés ? « 70 à 80% sont en emploi derrière », indique Manuel Mandine, responsable formation à l’Afpa. Thomas se verrait bien dans la protection, Noam penche pour la surveillance des magasins, Erwann est tenté par une expérience à l’étranger... « Je ne pensais pas que c’était si compliqué », s’étonne le Poitevin. Gestion des conflits, apprentissage du contrôle d’accès, sécurité incendie, réflexes en cas d’attaque... Les trois mois de formation dont une partie de stage ne sont pas de trop pour appréhender les rudiments du métier et obtenir, dans la foulée, sa carte professionnelle délivrée par le Cnaps. Ce sésame est indispensable pour pouvoir exercer. Sachez qu’il existe aussi un bac professionnel dédié aux métiers de la sécurité, dispensé au lycée du Dolmen, à Poitiers.