Aujourd'hui
Pierre-Laurent Joly. 35 ans. Serial entrepreneur à Châtellerault. Propriétaire de La Maison Bourbon by La Cafetière, de la fromagerie Marius attenante, des Torréfac’trucks... Fils de restaurateur et père de trois enfants. Epicurien, excessif et « attachiant » selon ses amis.
Il parle avec ses mains dans un réflexe bien latin, débit mitraillette et ton direct. Casquette « NY » vissée sur la tête, Pierre-Laurent Joly aurait pu être professeur de biologie, sa première intention. Sa future femme l’en a dissuadé à temps alors qu’il était en licence 2 à l’université de Poitiers. « Elle a eu raison, je ne tiens pas en place ! Et comme j’ai du bagou, elle me voyait bien dans le commerce... » Anne a vu juste. Et l’arrivée de Gabriel dans la vie du jeune homme -21 ans- a de toute façon bouleversé les plans initiaux. Originaire du Blanc, le fils de restaurateurs a failli devenir opticien pour « mêler le côté science et la vente ». Faute d’entreprise, il a finalement atterri chez Picta Frais, à Dissay. Avant d’enchaîner dans six entreprises différentes comme « prospecteur », dans les produits alimentaires, d’hygiène... « Oui, on dit aussi commercial, mais c’est pour signifier que j’ai toujours fait ce métier pour taper de la porte, faire connaître ma boîte et gagner des clients. »
Coup de foudre un 14 février
Les temps ont changé mais son esprit fonceur demeure. Le patron de La Maison Bourbon by La Cafetière veille sur la vieille dame de 62 ans comme un petit-fils sur sa grand-mère. Le café ? A part en boire avec un sucre, il n’y connaissait « pas grand-chose », mais a eu le coup de foudre un 14 février 2019. Il a repris la boutique en juillet, faute d’avoir pu mettre la main sur l’armurerie Rousseau de Châtellerault. Quand on est chasseur... « Tout s’est fait autour d’un bon apéro avec Gilles (Derome) parce que je suis un épicurien. Je lui ai dit que j’aimerais me mettre à mon compte, plutôt dans l’agroalimentaire. » Pierre-Laurent Joly a failli rapidement déchanter, la faute à une crise sanitaire aussi soudaine que dévastatrice.
Il se souvient du jour d’après le 17 mars 2020. Commerce essentiel mais avec 12€ pour seul chiffre d’affaires. Au lieu de courber l’échine, le dirigeant et ses deux salariées se sont réinventés, au sens premier du terme. La livraison -idée d’une salariée- à domicile pendant la pandémie a « cartonné ». Et Pierre-Laurent Joly a négocié autour d’un café -forcément- le rachat du local annexe à La Cafetière pour y ouvrir Chez Marius le 18 novembre 2021, une fromagerie qui porte le nom de son arrière-grand-père, fromager dans le 36. Le Torréfac’truck, et le Cheese Truck by Marius ont suivi, comme le Repère, un banc aux halles de Châtellerault où règne la convivialité autour de la bonne chère, une société de réparation de machines à café, une boutique de vente en ligne, etc. Ses boîtes emploient aujourd’hui une quinzaine de personnes. « Heureusement que ma femme me freine, j’ai toujours plein de projets dans la tête et, surtout, l’envie de les faire aboutir. » Un bulldozer ? Le qualificatif lui arrache un sourire. La paternité précoce et la mort de son père lui ont fait « gagner des années de maturité » en quelques jours. Alors il pousse son avantage, persuadé qu’il faut « saisir les opportunités lorsqu’elle se présentent ». Quitte à bousculer, voire agacer.
« Je crois beaucoup à la valeur travail »
Le serial entrepreneur sait que son hyper-activité dérange parfois. Mais il exècre la jalousie de ses contemporains. Le gamin de Scoury admet que ça pourrait « le faire arrêter ». « Je crois beaucoup à la valeur travail. Quand on me parle de chance... Non, c’est de la réussite ! » Fidèle à sa ligne de conduite, il compte ses vrais amis sur les doigts des deux mains. Ceux-là mêmes qui le trouvent parfois « attachiant », mais pour lesquels il est capable de « faire des bornes en pleine nuit quand ça ne va pas ». Ou encore de quitter un club (le SOC) qui se sépare de l’un de ses bons amis.
Pour Châtellerault, sa ville d’adoption, il fourmille de projets, avec une grande soirée festive dès le 2 juin et d’autres événements prévus plus tard. Le bon pote de l’acteur Morgan Nivelle (Le 7 n°556) imagine au-delà un « festival d’humour à la façon du Jamel Comedy Club ». Bref, des moments de convivialité « où les gens se parlent, se retrouvent ». Tout simplement. Quand on vous dit que ça turbine sous la casquette ! Et encore, Anne se charge en coulisses de tempérer ses ardeurs compulsives (il insiste !). Mais on se ne refait pas. « Mon premier fils est mon portrait craché. Il veut être pâtissier sur des yachts, meilleur ouvrier de France et m’a demandé à bosser dès cet été ! » Sa famille, il en est « fier ». « On n’en hérite pas, on la construit », croit-il bon d’ajouter, échaudé par quelques épisodes anciens. Deux cafés y sont passés. Une pause clope plus tard, le voilà reparti dans le tourbillon des affaires.
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