Benjamin Daviller : 
« accompagner l’innovation »

En charge du pilotage des politiques de santé publique, l’Agence régionale de santé (ARS) a déjà tiré des enseignements de la crise Covid. Entretien avec Benjamin Daviller, directeur de la délégation Vienne depuis février.

Claire Brugier

Le7.info

Quelles traces la crise Covid a-t-elle laissé au sein de l’ARS ?

« Nous avons été extrêmement mobilisés pendant la crise. Il a ensuite fallu structurer cette évolution. L’Agence régionale de santé (ARS) a été créée en 2010, après la dernière grande crise épidémique virale, H1N1. Jusqu’alors, le fonctionnement avec ses partenaires était surtout institutionnel, autour de réunions organisées. La crise a modifié les relations car nous avons tous eu besoin de travailler avec plus de fluidité. Les contacts ont été démultipliés, ce qui favorise aujourd’hui la politique de « l'aller-vers ». Nous travaillons davantage avec nos partenaires, par exemple les collectivités territoriales à travers les contrats locaux de santé. Les acteurs du territoire ont vu qu’on était à leurs côtés et pas juste un organisme de tutelle qui dit non. »

La crise a aussi encouragé le développement de la télémédecine. Une solution pour contrer une démographie médicale en berne ?

« Je préfère le terme de télésanté, qui englobe tous les métiers du soin. C’est une autre manière de faire de la proximité. Le perturbateur, c’est en effet la démographie médicale. Un coup d’accélérateur a été mis sur la formation mais il faut aussi faire évoluer les pratiques. L’enjeu est de faciliter la vie des soignants. »

Comment ?

« En permettant aux professionnels de mieux communiquer entre eux, avec un outil de coordination tel que Paaco-Globule, et en déployant auprès des médecins traitants des assistants médicaux. Il en existe aujourd’hui 4 000 en France, le Président de la République en voudrait 10 000. Cela passe également par une nouvelle organisation, avec des structures d’exercice coordonné (centres pluridisciplinaires, maisons de santé…) et des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). C’est une façon de faire davantage confiance aux libéraux pour porter des projets que la tarification à l’acte ne permet pas. Il en faudrait entre huit et dix pour mailler le territoire de la Vienne. D’importants crédits ont été provisionnés. La CTPS de Châtellerault a été la première dans la Vienne il y a deux ans, avant la Pictave santé et celle des Vallées du Clain ; d’autres sont en projet. On souhaite aussi avancer sur l’accessibilité aux soins des personnes en situation de handicap, la coordination ville-hôpital… L’ARS veut accompagner l’innovation partout. Dans la Vienne, le Service d’accès aux soins (SAS) en est un très bel exemple. »

On parle aussi beaucoup 
de prévention…

« De la prévention, l’ARS en fait depuis toujours, ne serait-ce qu’à travers la vaccination. L’activité physique -la Vienne compte aujourd’hui onze sites pour la pratique du sport sur ordonnance- en fait aussi partie. Beaucoup de progrès ont été faits pour l’éducation thérapeutique des patients (ETP), on accompagne au quotidien les établissements pour aller chercher des labels, on finance des animateurs de santé, on déploie aussi l’éducation thérapeutique en numérique, ludique, car on a vu que l’injonction ne fonctionne pas. Désormais, d’autre financeurs se saisissent de la prévention, des collectivités, des mutuelles… Aujourd’hui, la question est plus celle du modèle économique. »

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