Douche froide au CCAS

Confronté à une hausse de ses dépenses, le Centre communal d’action sociale de Poitiers va revoir les tarifs de certaines prestations mais s’apprête surtout à fermer l’une de ses résidences pour seniors et le service de crèche familiale.

Romain Mudrak

Le7.info

L’heure est grave du côté du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Poitiers. La 
« fragilité financière » pointée en 2020 par la Chambre régionale des comptes ne fait que s’aggraver. La subvention d’équilibre versée chaque année par la Mairie devrait grimper de 18% en 2023 pour atteindre 13M€, soit plus du tiers du budget total de l’organisme dont le rôle consiste à venir en aide aux populations les plus fragiles. En cause, l’inflation évidemment, mais aussi les hausses de salaires octroyées par la loi Ségur après le Covid. « C’est très bien pour les agents mais ces dépenses ne sont pas entièrement compensées par l’Etat », précise Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers et présidente du CCAS. Un autre phénomène est mis en avant par l’élue pour expliquer la faillite du système : 
« Nous n’avons pas la main sur le financement de certaines prestations, placées sous la tutelle d’autres institutions. Nous avons interpellé la Caf pour la petite enfance et le Département sur l’accompagnement des bénéficiaires du RSA et l’autonomie des seniors. Il faut que chaque partenaire prenne sa part de l’effort. »

Edith-Augustin fermera en décembre

En attendant, le CCAS a décidé d’augmenter les tarifs du portage de repas à domicile de 3€ pour toutes les tranches (hors crédit d’impôt). Les tarifs des repas dans les résidences seniors progresseront de 4,2%. Plus emblématique, l’une des quatre résidences autonomie, Edith-Augustin à la Blaiserie, fermera ses portes en décembre prochain. Ce bâtiment, occupé à seulement 65%, nécessiterait des travaux rendus impossibles par la présence d’amiante. Soixante résidents devront trouver un autre hébergement. « Nous avons bien conscience du trouble que pose un tel changement à cet âge-là, nous ne laisserons personne dans une situation douloureuse », 
assure Laurence Daury-Reig, conseillère municipale déléguée aux Aînés. La crèche familiale disparaîtra également à partir de septembre 2024. Ce service de « nounous publiques » aurait été délaissé au fil des années par les parents, qui préféreraient la formule collective selon la direction du CCAS. Quarante-quatre enfants seront accueillis prioritairement dans les autres structures de la ville.


Pour la CGT, « un recul du service public »

Les personnels (11 à Edith-Augustin, 21 à la crèche) devront se diriger vers un nouveau projet professionnel. « La solution sera construite avec chaque agent, promet Stéphane Allouch, adjoint aux Personnels et au Dialogue social. Ils bénéficieront de formations diplômantes et d’une aide à la mobilité. Les assistantes maternelles pourront rejoindre les crèches collectives si elles le souhaitent. » La CGT Territoriaux déplore les mesures, sur le fond comme sur la forme. « Les assistantes maternelles ont travaillé le dossier, elles accueillent chez elles les enfants et assument donc les charges d’entretien », indique Patrick Ferrant, secrétaire du CHSCT(*). Quant à la résidence Edith-Augustin, « ça fait quinze ans qu’on sait qu’il y a de l’amiante. Pour des résidents qui ont plus de 100 ans, 
c’est très brutal », renchérit le syndicaliste. « Pas consulté en amont », Patrick Ferrant attend désormais le prochain comité technique pour donner un avis. Et de prévenir : « On montera sûrement une action contre ce recul du service public. » 


(*)Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.

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