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Partout dans le monde, le modèle de langage ChatGPT inquiète autant qu’il fascine. Capable de générer seul un texte argumenté, cet outil simple et gratuit est déjà détourné de mille et une façons. Dans l’enseignement, cette intelligence artificielle oblige à revoir les méthodes d’évaluation.
C’est le phénomène du moment en termes de nouvelles technologies. La startup américaine OpenAI a mis au point un « chatbot » aux facultés gigantesques. Mieux que l’agent conversationnel qui vous propose de l’aide sur le site de votre opérateur téléphonique, le ChatGPT est capable de tenir une discussion sur n’importe quel sujet ou presque. Récemment, Le Journal du dimanche et France Inter l’ont même interviewé pour en savoir plus sur son fonctionnement. Et vous savez quoi... il a répondu ! Jean-François Cerisier s’est déjà amusé à poser des questions à cet interlocuteur virtuel. Et le directeur de Techne, laboratoire universitaire poitevin spécialisé dans les technologies numériques pour l’éducation, avoue avoir été « bluffé par les résultats ». Comment ça marche ? « Il s’agit d’un modèle de traitement automatique de la langue pré-entraîné et non supervisé, explique l’expert. Il génère du texte plausible par rapport à sa base de données. » Un mot en entraînant un autre, ChatGPT possède un discours argumenté et fluide très difficile à différencier de celui d’un humain. Des étudiants de l’université de Lyon l’ont d’ailleurs utilisé récemment pour rédiger leur dissertation. Mais pour dix qui se sont fait « attraper », combien sont passés entre les mailles du filet ? Aux Etats-Unis, un avocat prévoit de lui confier une plaidoirie... En bien ou en mal, le potentiel est énorme. « ChatGPT s’appuie sur tout le contenu de l’Internet visible en 2021, reprend Jean-François Cerisier. En revanche, il n’a pas accès aux publications et autres informations verrouillées par un code. Conséquence, ses connaissances scientifiques sont assez limitées. »
Un guide pour les enseignants
Alors ChatGPT fait-il preuve d’ultracrépidarianisme, ce comportement consistant à donner un avis sur des sujets sur lesquels on n’a pas de compétence crédible ? En tout cas, il commet des erreurs et, pire dans la lutte contre les fake news, il ne cite jamais ses sources. « Plutôt que de l’ignorer, les citoyens vont devoir se former à son utilisation », estime néanmoins le directeur de Techne. Histoire de renforcer leur esprit critique. Et pourquoi pas de saisir les opportunités. A commencer par les enseignants. Un premier guide à leur attention vient d’ailleurs d’être publié. Passée la « phase d’émerveillement », Xavier Garnier a bien compris lui aussi que ChatGPT n’était pas infaillible dans sa discipline, les mathématiques. Le professeur du LP2I lui a délégué un « exposé sur les cercles et les triangles »... Depuis quelques semaines, ChatGPT s’invite régulièrement dans les discussions avec ses collègues. Sans écarter les erreurs et le plagiat, il y voit une façon d’améliorer encore ses pratiques et estime que cette innovation oblige à « varier les modes d’évaluation, à la maison, sur table, à l’oral... » Et pourquoi ne pas faire réagir les élèves en philo sur un argumentaire élaboré par ChatGPT ?
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jeudi 21 novembre