Le trottoir se fait une place au soleil

Le saviez-vous ? La zone d’activité Tripode, à Poitiers-Nord, abrite le premier « trottoir photovoltaïque » de la Vienne. Cette initiative s’appuie sur une technologie développée par l’entreprise Colas.

Claire Brugier

Le7.info

On les dirait sédimentés dans le trottoir presque par hasard. Discrets, les trois panneaux photovoltaïques installés en octobre dernier devant le bar à bières L’Entrepôt, à Poitiers-Nord, alimentent en réalité un local utilisé par l’entreprise voisine Vie et Véranda. Ces dalles sont uniques sur cette zone d’activité aménagée depuis 2020 par la société immobilière Tripode Promotion, et uniques à l’échelle du département.

En charge des VRD (voieries et réseaux divers), Colas a proposé à Thierry Minsé, gérant de Tripode Promotion, cet aménagement inédit. Proposition acceptée. « La zone, baptisée Tripode, abritera à terme 15 000m2 de bâtiments, explique Jordi Clayer, responsable immobilier. L’objectif est d’avoir quelque chose d’un peu différent, qui aille au-delà de la règlementation, et de marquer le coup avec des choses innovantes. » Comme un trottoir photovoltaïque.

Une goutte d’eau dans un océan de revêtements classiques et inertes ? Plutôt un démonstrateur pour un procédé, Wattway®, que Colas développe depuis une vingtaine d’années et que l’entreprise de travaux publics a jusqu’à présent « surtout commercialisé dans le sud où l’ensoleillement est plus important », note Arnaud Diez, conducteur d’opération à l’agence biardoise.

Des usages variés

Etouffé l’écho du projet enterré de grande route solaire lancé en 2016 en Normandie(*). « Les véhicules peuvent rouler sur les dalles Wattway®, assure Arnault Diez. Cela permet au contraire de les entretenir. La seule contrainte est qu’il faut que la chaussée soit en bon état. »

Les trois dalles photovoltaïques fraîchement installées à Poitiers mesurent 1x1,50m et sont pourvues d’aspérités en silice. D’une épaisseur de 5mm, elles sont collées sur l’enrobé, logiquement à un endroit où l’ensoleillement est maximal. Reliées à un boîtier électrique, elles alimentent l’ouverture et la fermeture d’un rideau de 3x3m (à raison d’une dizaine de cycles par jour) et éclairent un local de stockage d’une centaine de mètres carrés. Durée de vie annoncée : « une dizaine d’années », glisse Jordi Clayer, pour des dalles « en partie fabriquées à Châtellerault par VMH Energies ».

Plus coûteuses qu’un équipement de toit, « environ 30 000€ pour trois dalles » selon Arnaud Diez, elles représentent une solution pour optimiser les espaces servant à la circulation des personnes et des véhicules (trottoirs, parkings de grandes surfaces, etc.) et peuvent alimenter aussi bien des bornes de recharge pour vélos que l’éclairage public. A termes, Colas envisage un déploiement en direction des particuliers, pour actionner un portail électrique par exemple.

(*) Le premier kilomètre, avec 2 800m2 de dalles photovoltaïques, avait été inaugurée à Tourouvre-au-Perche, en Normandie en décembre 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement.

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