Veillée d’armes sur les retraites

Le gouvernement annonce ce mardi 
10 janvier le détail de sa réforme des retraites... rejetée quasiment à l’unanimité par les partis politiques et les syndicats. La contestation devrait se manifester dans la rue.

Le7.info

Le7.info

Un âge de départ repoussé à 64 ou 65 ans, 43 ans de cotisations, une pension minimale rehaussée à 1 200€... Les contours de la réforme des retraites voulue par l’exécutif sont déjà connus. Reste à connaître les détails, qui seront présentés ce mardi par la Première ministre Elisabeth Borne. Sans attendre, les principales centrales syndicales doivent « se réunir cette semaine pour discuter des actions à venir », dixit Serge Garaté, représentant de la Fédération générale des retraités de la fonction publique. Le syndicaliste a encore un petit espoir que des avancées sur « l’emploi des seniors, la pénibilité ou le minimum vieillesse » soient arrachées dans la négociation. Sans cela, il prédit « une mobilisation peut-être semblable à 1995 avec les problèmes de vie chère, à l’hôpital... »

A la CFDT, on a « testé les sonos avant les vacances de Noël ». 
« On s’est dit que le gouvernement n’allait rien lâcher et nous non plus, avance Dominique Vivien, représentante de la CFDT. En fonction de ce qui sera annoncé, l’intersyndicale va se réunir et verra comment organiser la mobilisation. Elle pourrait avoir lieu aux alentours du 20 janvier. » 
Pénibilité, carrières longues, niveau des pensions... La CDFT voit « beaucoup de raisons » de manifester mais pas aux côtés des mouvements politiques. Notamment de la Nupes, qui a annoncé un rassemblement le 21 janvier. Signe des temps, la CFDT réfléchit à « mobiliser sa caisse de grève » en cas de mouvement dans la durée pour permettre aux salariés et agents de la fonction publique de tenir. « Il faut arrêter de dire qu’on ne perd rien quand on est gréviste... », abonde Dominique Vivien.

Unité syndicale

« Bazarder un trentième de salaire, ce n’est pas évident pour les collègues en ces temps d’inflation », poursuit Stéphane Chancerelles, « monsieur retraite » du syndicat d’enseignants Snuipp86-FSU. Toutefois, il estime que la 
« première réponse au gouvernement devra être massive » et il sait que « beaucoup de ses collègues sont prêts à bouger ». 
« D’autant qu’aucun aménagement de fin de carrière n’est prévu pour les enseignants. » 
Entre la réforme des retraites, de l’assurance-chômage, l’inflation, les salaires, la défense des services publics… Les motifs de mécontentement pourraient d’ailleurs s’additionner. Favorables à la retraite à 60 ans, la FSU comme la CGT ne partagent pas le constat de départ du gouvernement. « Un seul scénario du Conseil d’orientation des retraites sur quatre est pessimiste sur l’avenir du financement du système », souligne Julien Hémon, secrétaire départemental de la CGT. Alors, sur les mesures présentées aujourd’hui, il n’y aura 
« aucune négociation possible ». Reste à savoir si l’unité syndicale, assez rare pour être remarquée, résistera au fil des semaines.

 

Laurent Morillon (CPME) : « La réforme est indispensable »
Secrétaire général de la Confédération des PME de la Vienne (CPME86), Laurent Morillon juge qu’« on a assez attendu pour réformer les retraites. Cette réforme est indispensable, il faut y aller et allonger la durée de cotisation pour ne pas creuser de déficit. 64 ou 65 ans ? Je crois que ce qui est le plus important n’est pas là mais bien le nombre d’annuités. Si un salarié a ses 43 annuités, pour- quoi ne pourrait-il pas partir avant l’âge légal ? En revanche, si les gens veulent aller au-delà, on doit leur donner la possibilité. Je crois qu’il faut redonner de la valeur au travail, seul élément capable de financer notre modèle social. La mobilisation ? S’il y a quatre millions de personnes dans la rue, elle fera sans doute réfléchir le gouvernement. Après, les Gilets jaunes ont rassemblé 200 000 personnes et ont bloqué le pays. Dans les entreprises, on sent plus les gens « subir » que vraiment vouloir descendre dans la rue. Tout dépendra de la capacité des syndicats à mobiliser au-delà de leur base de militants. Mais je le répète, les entreprises subissent déjà le coût de l’énergie, l’inflation... Et demain, elles pourraient se retrouver à licencier plutôt qu’à embaucher si la France est bloquée. »

Stéphane Daudon (délégué général du Medef Vienne) : « Les entreprises ont besoin de sérénité »
Délégué général du Medef de la Vienne, Stéphane Daudon estime que « la réforme est indispensable pour atteindre l’équilibre du système. Elle aurait même dû se faire avant le confinement. On parle beaucoup du report de l’âge de départ à la retraite mais cette réforme permettra aussi d’augmenter les minima de retraite. Le management peut évoluer mais la valeur travail est importante. Le travail finance notre protection sociale et reste la meilleure des insertions sociales. La mobilisation ? Ça va bouger mais je ne sais pas jusqu’à quel point. Au-delà des syndicats, des collectifs de citoyens peuvent aussi mobiliser les gens maintenant. Les méthodes évoluent. Ce sera un bon test. En tout cas, les entreprises n’ont pas besoin d’un blocage de l’économie mais plutôt de sérénité après les crises. »
DR Archive Le 7

À lire aussi ...