A l’Ensma, des étudiants sensibilisent leurs camarades aux enjeux du dérèglement climatique. Cette question devient incontournable dans cette école dédiée aux métiers de l’aéronautique
et du spatial.
Comment tenir compte du dérèglement climatique quand on est étudiant à l’Ensma ? Plus le phénomène devient visible, plus la question s’impose dans les esprits des élèves de l’école d’ingénieurs de la Technopole spécialisée dans les métiers de l’aéronautique et du spatial, secteurs énergivores régulièrement pointés du doigt. De quoi faire réfléchir. Théo, en troisième année, n’était pas du tout informé sur le sujet en arrivant à l’Ensma. « En classes prépa, j’ai fait des maths et de la physique, je me suis accordé un peu de loisirs avec des amis mais je n’avais pas de temps pour ce genre de grandes causes. »
A force de rencontres et de discussions, il a découvert l’ampleur du problème. « A tel point qu’aujourd’hui, je suis atteint de ce qu’on appelle l’éco-anxiété ! »
Théo, comme Antoine ou Titouan, a décidé d’agir. Les trois étudiants ont intégré le club UrgENScliMA, créé en 2017 pour sensibiliser leurs camarades et montrer qu’il est possible de changer les choses. La Semaine de l’urgence climatique, co-organisée en novembre avec des étudiants de l’Ensi Poitiers, a été un temps fort de cette mobilisation. L’occasion de transmettre quelques messages. « Nous sommes désormais convaincus que les ingénieurs ne sont pas là que pour trouver des solutions technologiques à un problème, ils doivent prendre du recul et s’intéresser aux usages », souligne Antoine. Low-tech et décroissance sont entrées dans leur vocabulaire courant.
« Le progrès technique ne nous permettra pas de régler le problème comme on l’entend parfois. Les ingénieurs comme tous les citoyens vont devoir faire des choix de société », confirme Yannick Pannier. Enseignant à l’Ensma, il occupe aussi la fonction de responsable du développement durable.
« Depuis cette année, les deux cents élèves de première année réalisent une fresque du climat. Des cours sur l’épuisement des ressources, le bilan carbone ou encore l’analyse du cycle de vie des matériaux sont désormais obligatoires. »
A quelques mois de sa sortie de l’Ensma, Théo, qui rêvait « de fusées et trains ultra-rapides », va se diriger vers l’éolien. Antoine et lui n’écartent pas l’idée de mener des actions de désobéissance civile. Quant à Titouan, il veut intégrer une grande entreprise pour
« changer les choses et les mentalités de l’intérieur ».