Aujourd'hui
Très souvent, les agents de services hospitaliers (ASH) « font fonction » d’aides-soignants dans leur établissement de santé, sans pour autant avoir été formés au préalable. Pour eux, un module court existe. Une façon d’acquérir les bases, de se rassurer et de se projeter vers l’avenir.
Leur fiche de poste indique que les Agents de services hospitaliers (ASH) s’occupent de l’entretien des chambres des patients, des parties communes, voire des salles d’opération. Mais dans les faits, ces personnels très souvent féminins se voient attribuer le rôle d’aide-soignant. La crise sanitaire a mis en évidence une pénurie de personnels, que ce soit en Ehpad, à l’hôpital public ou à domicile. Les ASH recrutés sans diplôme sont devenus au fil du temps une main-d’œuvre aussi précieuse que corvéable. Les besoins sont tels que leur formation est laissée de côté. Comme Nathalie, reconvertie dans un Ehpad de la Vienne, après plus de vingt ans passés au CHU, sans aucune qualification dans l’aide aux personnes âgées. « La direction m’a recrutée parce que j’étais motivée. Je n’ai eu qu’un seul jour de formation, heureusement que les collègues m’ont aidée. » Après quelques moments de doute, elle a adopté une posture toute personnelle : « Je me suis dit que j’allais m’occuper des patients comme j’aimerais qu’on s’occupe de moi. »
Dans les services à la personne, le bon sens est nécessaire mais pas forcément suffisant. Face à l’urgence du moment, l’Etat a ouvert en 2021 la possibilité de créer des parcours de « Renforcement des compétences », accessibles uniquement après six mois d’exercice. Comme Nathalie, une dizaine d’ASH ont suivi ces dernières semaines celui proposé par le centre de formation continue du lycée Saint-Jacques-de-Compostelle, à Poitiers. « Ce module de 70 heures permet d’acquérir les connaissances de base en matière d’hygiène, de pudeur, d’ergonomie, de relations avec les patients et d’évaluation de leur niveau d’autonomie », explique son directeur, Cyril Guillet.
Vers le diplôme d’aide-soignant
A la suite de ce parcours financé par leur employeur, les stagiaires peuvent s’arrêter là. Pour elles, c’est déjà une garantie d’effectuer leurs missions avec plus de sérénité. « J’ai beaucoup appris et j’ai pu partager mon expérience avec d’autres », souligne Léonie, en reconversion dans un Ehpad depuis un an et demi. Au sein de la promotion qui vient de sortir de Saint-Jacques, les trois quarts ont l’intention de poursuivre vers un diplôme d’aide-soignant afin d’obtenir une reconnaissance morale et financière. Grâce à ce module, elles éviteront la sélection sur dossier et entretien que certaines redoutent. Reste d’autres obstacles. « Moi j’hésite parce que je ne suis pas sûre d’être capable de retourner à l’école », confie Isabelle. Si ce frein existe, il faut savoir que le cursus est également accessible en apprentissage. Mais les structures déjà en manque de main-d’œuvre devront faire des arbitrages pour les remplacer le temps de leur formation.
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