Boutiques éphémères, 
effets durables ?

Les boutiques éphémères se multiplient partout en France, Poitiers n’échappe pas au phénomène. Le concept intéresse de plus en plus de commerces désireux de se faire connaître ou de prendre le pouls du marché en vue d’une installation pérenne.

Après le succès de leur premier « pop-up store » autour des « sneakers », Abel Bardet et Alexandre Maillet ont vite décidé de remettre le couvert en centre-ville de Poitiers. Ainsi, samedi et dimanche, ils proposeront à la vente 150 paires de chaussures limitées et des fripes vintage dans une nouvelle boutique éphémère qui prendra place au Grand Magasin, rue des Grandes-Ecoles. « On avait d’abord pensé à le faire dès novembre, mais on s’est dit que ce serait encore plus pertinent à l’approche de Noël », confie le président fondateur de WhereCopYourSneakers (WCYS).


Dans la même rue, la boutique éphémère de la Ville va elle aussi se mettre à l’heure des fêtes en accueillant, du 
13 au 24 décembre, une dizaine d’artisans-créateurs locaux. Une offre « complémentaire » du traditionnel marché de Noël sur la place du Maréchal-Leclerc. 
« Cela remplace le marché des créateurs qui était installé au Palais l’an dernier, explique Julie Reynard, élue à l’Economie de proximité, au Commerce, à l’Artisanat et aux Marchés. Ce sont des commerçants qui n’ont pas forcément les moyens de payer la location d’un chalet. »


Gagner en visibilité

Depuis 2021, la municipalité met à disposition ce local de plus 100m², en plein centre de Poitiers, pour une location de un à trois mois. « Il doit servir de tremplin à une activité, appuie l’élue. C’est l’occasion de voir s’il y a un public et aussi de s’essayer à être commerçant. » Si le test s’avère concluant, il peut parfois déboucher sur une installation pérenne dans un local commercial. C’est le cas de la photographe Léa Genoud, qui a sa boutique au 28 rue Carnot, 
« avec un agenda bien rempli ». 
L’expérience a aussi conforté Valoris dans son envie de créer une deuxième boutique, à Poitiers ou dans sa périphérie selon les opportunités. 
« On est satisfait du concept, les entrepreneurs le comprennent mieux, observe Julie Reynard. On reçoit de plus en plus de candidatures. »


Abel Bardet a soumis la sienne pour être de la promotion 2023. « S’occuper d’une boutique éphémère sur un à trois mois, c’est autre chose, anticipe-t-il. Cela nous permettra de voir si on est capable de tenir un magasin. » Et d’envisager ou non la recherche d’un local en centre-ville. Mais l’installation n’est pas une finalité pour tous. La lingerie Indiscrète, qui tient une boutique éphémère dans la galerie commerciale de Beaulieu jusqu’à fin décembre, ne projette pas d’ouvrir un deuxième magasin, en complément de celui de Chauvigny. Le concept a vocation à « faire connaître la marque et permettre aux clientes d’essayer nos produits », indique Béatrice Mongella, la co-fondatrice d’Indiscrète. Reste que l’opération, menée de manière indépendante par trois conseillères vente, « fonctionne plutôt 
bien » en termes de visibilité. 
« Si elles ont l’opportunité d’ouvrir d’autres boutiques éphémères, elles le feront. »