Hier
Faire classe en pleine nature, au mois de novembre, quand il pleut, c’est possible ! Illustration mercredi dernier avec les CP, CE1 et CE2 de l’école René-Cassin, à Jaunay-Marigny, qui se sont réunis dans un petit bois voisin de l’établissement.
Mercredi 9 novembre, 9h30, à Jaunay-Marigny. Au milieu d’un petit bois discret, une quarantaine d’élèves de l’école René-Cassin voisine sont assis en rond sur de vieilles banderoles offertes par le service communication de la mairie. Silencieusement, ils écoutent l’histoire de Raton, le raton laveur le plus maniaque de toute la forêt. Celui qui « trie les feuilles par taille et par couleur » et « range les bogues de marron » est le héros de l’album C’est du propre illustré par Clothilde Goubely. Une histoire plutôt appropriée, vu le contexte, que l’enseignante Alexandra Breuil n’a pas choisie au hasard : « Les élèves comprennent vite que leurs gestes ont des conséquences et qu’ils ne doivent pas laisser traîner leurs déchets partout ! »
Même sous la pluie
Depuis la rentrée de septembre, les CP, CE1 et CE2 font l’école dehors tous les quinze jours, le mercredi matin. Le concept né dans les pays scandinaves se développe peu à peu en France. Surtout depuis la crise de la Covid-19, pendant laquelle il était considéré comme une solution facile pour appliquer les obligations de distanciation physique. Les cours sont maintenus « quoi qu’il en coûte », même en novembre sous la pluie. « Les enfants sont habillés en fonction du temps, les parents n’y voient pas d’inconvénient. » D’ailleurs, les gouttes qui commencent à tomber ce matin-là n’empêchent pas le moins du monde le bon déroulement de la chasse au trésor programmée. La règle du jeu ? Trouver dans l’environnement les sept objets de la liste élaborée par les enseignantes. Exemple : de la mousse, quelque chose de rouge, une feuille de chêne, une coque de noix… Un petit bonhomme vient de se piquer avec des orties. Rassuré par un adulte, il repart avec le sourire. « Ils expérimentent énormément et sont confrontés à des petits défis, c’est bon pour la confiance en soi, poursuit Alexandra Breuil. Et en plus, ils coopèrent entre eux quand on mélange les classes. »
Poitiers, capitale de la classe dehors
Lors de la séance précédente, les élèves ont effectué des multiplications grâce à des fleurs. La prochaine sera dédiée à la construction d’un abri pour les cartables. « Il faut imaginer les plans, lister le matériel, le trouver, mesurer, manier des outils, respecter des consignes de sécurité… C’est très riche en termes d’apprentissage. » Le service des espaces verts de Jaunay-Marigny fournit les matériaux manquants. « Toutes les matières peuvent être abordées à l’extérieur, s’enthousiasme l’enseignante. Je programme la séance mais je laisse une place à l’observation des élèves. Quand ils tombent sur une libellule ou des champignons, on en discute. » Seul bémol, la formation. Les enseignants de l’académie ne bénéficient que d’une heure et demie d’animation pédagogique sur l’« école dehors », pourtant encouragée par le rectorat et alors que l’une des référentes nationales dans le domaine, Crystèle Ferjou, enseigne dans les Deux-Sèvres. Les profs les plus motivés doivent se débrouiller pour trouver des ressources. Pour ceux-là et les autres, les premières Rencontres internationales de la classe dehors se dérouleront du 31 mai au 4 juin, à Poitiers.
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