Aujourd'hui
Les Alcooliques anonymes de France fêteront leur 62e anniversaire les 19 et 20 novembre, au palais des congrès du Futuroscope. Loin des imitations ou railleries qui les dépeignent parfois, les réunions des AA sont une voie essentielle vers l’abstinence.
Petit et grand écrans ne sont pas avares en scènes caricaturant les réunions des Alcooliques anonymes, avec toujours la même antienne, un « bonjour ! » un peu forcé et une bienveillance surjouée. La réalité est différente, sincère, à la fois joyeuse et grave. Chaque deuxième mardi (réunion ouverte) et quatrième jeudi (réunion fermée) du mois, les « AA » de Poitiers se retrouvent autour d’un café, de sucreries… et de mouchoirs en papier. Au cas où. Alcoolisme chronique ou ponctuel, ils ne font pas de distinction. « Les soignants nous catégorisent, nous non », note Nicole, à l’origine du groupe. Un tiers des malades sont orientés vers les AA par des professionnels de santé, 24% par des pairs, 10% par leur famille.
Pour devenir membre, la seule condition est d’« avoir le désir d’arrêter de boire », rappelle en préambule de la réunion Annie, la modératrice du jour. Autour de la table ce mardi-là, des hommes, des femmes, de tous âges et de toutes conditions. « Il n’y a pas de portrait-type », relève Nicole. Juste en commun la conscience d’être malade. Car « l’alcoolisme est une maladie, il ne faut pas en avoir honte. » Facile à dire, pas toujours à faire. Le verbaliser est un premier pas, confier ses rechutes, partager ses doutes et ses expériences, ses regrets d’avoir fait souffrir ou trompé des proches.
« Aujourd’hui, on ne parle plus d’addiction à partir d’un seuil à risque pour la santé mais quand il y a perte de contrôle des consommations, quand cela a des conséquences personnelles, professionnelles, judiciaires, sur la santé physique, mentale, sur les relations sociales, familiales… », confirme le Dr Céline Janssen, médecin addictologue rattachée à l’équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa) du CH Laborit.
« On n’est plus tout seul »
Structurée autour de thématiques, chaque réunion des AA est une succession de confidences facilitées par l’anonymat, essentiel. Les patronymes restent à la porte, comme les commentaires et conseils. Si les témoignages se répondent parfois, ce n’est jamais directement. Chacun d’eux débute par un « malade abstinent(e) » comme une note à soi-même. « Avec l’alcool, j’avais peur de tout », confie Sandrine. « Venir aux réunions m’a permis d’accepter les choses que je ne peux changer et de changer juste celles que je peux », explique de son côté Dominique. « On n’est plus tout seul », lâche Aymeric. « Tout ce que les autres disent est le miroir de ce que l’on a pu vivre », résume Anne.
L’addiction mais aussi un même rapport au temps unit les AA, par tranches de 24 heures. Ce n’est pas sans raison que le 62e anniversaire des Alcooliques anonymes de France, qui se déroulera les 19 et 20 novembre au palais des congrès du Futuroscope, est sous-titré « Le peuple des 24 heures ».
« Dans une association, les malades rencontrent des personnes auxquelles ils peuvent s’identifier », analyse le Dr Janssen. Les conseils des soignants ont leur place ailleurs, notamment lors de cures. « Parfois, c’est une étape indispensable, mais cela reste une étape, ce n’est pas ce qui permettra d’être abstinent dans le temps. Il faut travailler sur le parcours de vie de la personne, insiste le médecin. Et les rechutes font partie du parcours. Il importe de les positiver car il ne s’est pas rien passé. »
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