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Lauréate du Prix jeunes talents L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science, la jeune Poitevine Mégane Bournissou a trouvé dans les mathématiques une voie professionnelle mais aussi des outils à utiliser dans sa vie quotidienne.
Une mère prof de maths, un père dans l’informatique… « D’une certaine manière, j’ai grandi dans un environnement scientifique, avance Mégane Bournissou, peu convaincue par le fait que ce soit ce contexte qui l’ait conduite vers les mathématiques. « A l’école, j’aimais juste apprendre. J’ai eu du mal à choisir ma voie. Je me suis orientée vers un cursus scientifique car cela me plaisait et me laissait davantage de portes ouvertes. Puis mes goûts se sont affinés autour de la physique et des maths, aussi parce que des profs m’ont marquée. » Aujourd’hui âgée de 27 ans et désormais enseignante-chercheuse, la jeune Poitevine ne s’est pas arrêtée aux classes préparatoires du lycée Camille-Guérin de Poitiers. Elle a poursuivi par une licence de physique puis elle a intégré le département mathématique de l’Ecole normale supérieure de Rennes, obtenu un doctorat au sein de l’Institut de recherche mathématique breton, décroché l’agrégation pour pouvoir enseigner, son autre passion. Mercredi dernier, elle a reçu le Prix jeunes talents L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science. « Cela donne confiance. C’est la marque que l’on est à la place où l’on doit être. » En tant que scientifique. Pour ce qui est d’être une femme, « consciemment, je ne me suis jamais posé la question entre mon genre et là où je veux aller professionnellement, remarque-t-elle simplement. Evidemment, j’ai toujours eu conscience d’évoluer, comme élève, chercheuse ou professeure, dans un milieu majoritairement masculin, mais la bienveillance a fait que cela ne m’a jamais pesé. »
« Confrontée à sa propre ignorance »
Mégane est particulièrement sensible à son environnement de travail. Quand la majorité des étudiants choisissent leurs directeurs en fonction du sujet de leurs futurs travaux, elle a fait l’inverse. Sa thèse, qui lui vaut aujourd’hui d’être distinguée, s’inscrit dans le domaine de la théorie des contrôles, « c’est-à-dire l’étude des systèmes physiques sur lesquels on peut agir », traduit-elle, jamais lassée de développer des « outils abstraits » à mettre au service d’ingénieurs ou de physiciens pour l’élaboration d’ordinateurs quantiques, l’étude de la trajectoire de satellites ou de fusées... « La beauté, et la principale difficulté de ce métier, est d’être sans cesse confrontée à sa propre ignorance. Cela peut être assez inconfortable mais cela permet aussi d’explorer sa curiosité, ajoute la passionnée. Et puis il y a quelque chose dans le raisonnement et le formalisme mathématiques qui me plaît pour comprendre le monde qui m’entoure, pour structurer ma pensée. »
« Scolaire et méthodique », Mégane se sent loin de « l’image-type du mathématicien ou de la mathématicienne, quelqu’un de très intuitif, qui a plein d’idées ». De même, comme le rappelait la semaine dernière dans nos colonnes la sociologue Clémence Perronnet (Le 7 n° 579), « la bosse des maths n’existe pas ». Elle ne saurait donc être l’apanage des hommes. Reste malgré tout une réalité : les femmes ne représentent que 28% des chercheurs en France, elles n’occupent que 14% des hautes fonctions académiques en sciences en Europe et, à l’échelle mondiale, elles ont reçu moins de 4% des prix Nobel de sciences.
©Jean-Charles Caslot – Fondation L’Oréal
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