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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Si vous entendez parler de jeu vidéo quelque part dans la Vienne, c’est que les orKs Grand Poitiers ne sont pas loin ! L’association s’est imposée dans le paysage événementiel local, notamment en matière d’éducation au numérique. Ce weekend, des bénévoles assureront plusieurs animations pour toute la famille -LAN party, exposition rétrogaming, ateliers sur l’e-parentalité- à l’occasion des Heures numériques, événement organisé par le Conseil départemental à Dangé-Saint-Romain. Comme ils le font déjà tous les mois, lors des Family Game Festivals. « On souhaite que le jeu vidéo soit pris comme un outil éducatif utile », explique Pierre Mc Mahon.
Depuis qu’il a pris la direction générale des orKs Grand Poitiers -équipe de sport électronique (esport) qu’il a lui-même créée en 2005-, le natif de Châtellerault ne ménage pas ses efforts pour développer l’activité de l’association. Six « clubs esport » pour les 7-17 ans ont vu le jour, des ateliers ludo-éducatifs sont régulièrement dispensés sur les temps périscolaires, un premier tremplin à l’insertion professionnelle a même été testé avec la Mission locale d’insertion du Poitou… « Le jour où nous avons reçu notre première subvention de Grand Poitiers (10 000€), on s’est demandé ce qu’on allait en faire, se rappelle Pierre. S’équiper, se déplacer sur des tournois esport… Oui, mais après ? On a donc décidé de commercialiser nos événements et ainsi de s’auto-financer. L’argent reste sur le territoire. Aujourd’hui, ça fonctionne bien et l’association compte énormément de projets. » Au point d’avoir valeur d’exemple dans le développement de l’esport en France. Sollicités par d’autres collectivités, les orKs Grand Poitiers viennent de signer un livre blanc pour déployer leur modèle.
Une belle reconnaissance pour Pierre Mc Mahon, qui n’a pas oublié cette époque où le jeu vidéo -a fortiori la pratique esportive- était un loisir relativement méprisé car incompris. « A la sortie de mes études, je me suis dédié un an à l’esport. Je suis allé voir le médecin pour plusieurs tendinites que j’avais aux mains, il hallucinait quand je lui expliquais que c’était en jouant ! » Il se souvient aussi de reportages « orientés », tournés à la Gamers Assembly. « Mais je ne me sens pas revanchard, ça m’amuse juste un peu. Les mentalités ont changé, tous les parents d’aujourd’hui ont joué. On est cette génération qui a ouvert la voie. » Lui est tombé dedans grâce à sa maman, qui l’a élevé seule avec ses deux sœurs. « Elle aimait beaucoup les jeux de société et a tout de suite intégré le jeu vidéo quand les premiers PC sont sortis. » Très vite, le garçon prend goût aux jeux vidéo compétitifs, en particulier les fast-FPS(*), son genre favori. Et participe dès 14 ans à ses premiers championnats d’Europe sur Tribes, sans se douter alors qu’il fait déjà de l’esport. « Ce terme n’existait pas à l’époque », se souvient-il. Pas de quoi lui donner envie de travailler dans le milieu pour autant. « C’était une passion et il fallait que ça le reste. »
Pierre s’oriente vers une carrière dans le commerce… pour défendre les consommateurs. « Il ne faut jamais faire ça, ça ne recrute pas ! », lâche-t-il, dans un grand éclat de rire. Il devient donc commercial, en porteà-porte. « J’ai vite arrêté. Je n’étais pas du tout à l’aise avec cette idée selon laquelle les personnes fragiles sont les meilleurs clients. » Puis bosse au Futuroscope -« comme beaucoup de gens du coin »- avant de devenir « une sorte de VRP régional sur l’ex-Poitou-Charentes » du syndicat CFTC. « Ça correspondait à mon ADN, avec des valeurs sociales et humaines », souligne-t-il. La signature de la loi travail El Khomri, à laquelle il était opposé, sonne finalement le glas de cette expérience.
Adhérent de FuturoLAN, l’organisateur de la Gamers Assembly, Pierre accepte d’intégrer le staff comme chef de projets événementiels, après plusieurs appels du pied. Un rôle de couteau suisse qui lui permet de développer son réseau, notamment auprès des élus. Après une « GA » 2019 d’exception, l’annulation de l’édition 2020 -confinement oblige- est un séisme. « J’avais la sensation d’avoir été envoyé au combat sans munition. J’en ai voulu à tout le monde, j’étais en colère, complètement perdu. Avant, rien ne me semblait impossible. Aujourd’hui, tous les gens dans l’événementiel ne pensent plus de la même façon, freinent leur créativité. » L’édition online de 2021, sans public, n’a pas eu la même saveur et le décide à raccrocher, pour mieux revenir aux orKs Grand Poitiers, avec plein d’idées en tête.
Amélie, la compagne de Pierre, le décrit comme « un leader avec une vision », certes « un peu têtu » mais « bienveillant ». Ensemble, les deux uniques salariés des orKs veillent à prévenir des dérives du jeu vidéo -addiction et comportements toxiques-, en faisant la promotion « sans jugement » d’une pratique éducative et raisonnée. Comme à la maison, où leurs trois enfants -de 6 à 11 ans- respectent des créneaux1de jeu stricts sur la semaine. « On a pris conscience de cette vocation ludo-éducative en devenant parents. On était déjà convaincu de l’utilité sociale du jeu vidéo car il nous a beaucoup appris, explique le papa de 37 ans. L’esport m’a par exemple inculqué la rigueur, le travail en équipe… Mais surtout, le jeu vidéo m’a appris à perdre alors que, petit, j’étais mauvais perdant. Et quand on sait perdre, on sait jouer. Cela contribue à rendre les enfants meilleurs et à en faire de futurs adultes responsables. »
(*)Jeux de tir à la première personne avec des déplacements rapides.
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