Les liens sociaux permettent-ils d’améliorer la santé physique des seniors et leurs capacités cognitives ? Un groupe de chercheurs poitevins tente de répondre scientifiquement à cette question à travers une série d’expériences. Les volontaires sont les bienvenus.
Odile vient de terminer ses tests. « Je fais partie d’une association de gym équilibre aux Roches-Prémaries, c’est le prof qui m’a parlé de cette expérience. » A 69 ans, elle a enchaîné pendant trois heures une série d’évaluations cognitives (mémoire, planifier une action, s’adapter à la nouveauté…), physiques (endurance, force des bras et des jambes), ainsi qu’un entretien d’une quinzaine de minutes pour tracer les grandes lignes de sa vie sociale. A la manœuvre, un groupe de chercheurs en psychologie (Cerca) et en sciences du sport (Move) de l’université de Poitiers. Ensemble, ils mènent le programme StimCoAps pour Stimulation cognitive, activité physique et promotion du lien social au bénéfice de la qualité de vie des seniors. « Nous savons désormais que l’activité physique et la stimulation intellectuelle permettent d’améliorer les fonctions cognitives des seniors. A travers cette étude, il s’agit de savoir si le lien social accentue ce phénomène », explique David Clarys, professeur de psychologie qui pilote ces travaux.
Les clés pour
prolonger l’autonomie
Pour cela, Odile et les autres volontaires de plus de 65 ans vont participer pendant trois mois à des séances de sport un peu particulières. Deux fois par semaine, ils réaliseront des exercices faisant marcher à la fois la tête et les jambes. Exemple :
un jeu de déplacement rapide sur un circuit avec des feux tricolores. Au rouge, on passe ! De quoi lutter contre les automatismes, et ça n’a rien de simple !
Pour chaque session, les candidats sont répartis soit en milieu ordinaire (un gymnase), soit dans un cadre convivial proposé par deux structures poitevines :
la Vie la Santé au CHU et les ateliers Cord’âges, une association intergénérationnelle de lutte contre l’isolement. En termes scientifiques, on appelle cela un environnement enrichi !
« L’intérieur du bâtiment est organisé comme une maison
et tout le monde est très bienveillant, on se sent très vite chez soi », reprend David Clarys.
« Il s’agit d’observer la puissance du lien social », ajoute Geoffroy Boucard, maître de conférences à la faculté de Sciences du sport. Une autre session, au printemps 2023, se déroulera également au domicile des volontaires. Trois évaluations sont prévues à mi-parcours, à la fin du programme et six mois plus tard, durant lesquelles Catherine Esnard, experte en psychologie sociale, va analyser les interactions de ces seniors. Autrement dit, « leur envie d’aller voir les autres, famille et amis, et d’avoir une activité associative ». Ceci grâce à des questionnaires et des entretiens. Cette étude doit apporter des clés pour faciliter le maintien à domicile des seniors. C’est l’un des défis majeurs des prochaines années en matière de santé publique.
Si vous avez plus de 65 ans et que vous voulez participer à ce protocole de recherche, contactez Catherine Esnard au 06 07 03 04 27 ou par courriel à catherine.esnard@univ-poitiers.fr.