mardi 24 décembre
Les faibles pluies des dernières semaines n’ont pas permis de soulager les nappes phréatiques dans le département. A l’approche de la rentrée, le risque de coupures d’eau au robinet n’est pas à exclure, même si Grand Poitiers et Eaux de Vienne font tout pour repousser l’échéance.
Depuis le 19 juillet et un arrêté du préfet, les usages de l’eau sont réduits au strict minimum dans la Vienne. En un mois et demi, la situation des ressources s’est hélas « dégradée de manière constante », déplore Yves Kocher. Et les quelques pluies orageuses de la mi-août n’y changent rien. « On joue avec différents leviers, c’est transparent pour les abonnés (165 000, soit 280 000 habitants, ndlr) mais ça nécessite un sacré travail d’ingénierie », abonde le directeur général d’Eaux de Vienne. Le syndicat public reconnaît que trois secteurs « posent souci » : La Jallière/Lusignan, Cuhon/Massogne et Saint-Léger-de-Montbrillais, qui alimente Center Parcs. Dans le deuxième secteur concerné, l’irrigation est désormais proscrite et les rappels à la vigilance se multiplient. Pour autant, Yves Kocher n’exclut pas une rupture d’approvisionnement. « On est obligé d’imaginer ce scénario, même s’il existe quelques possibilités avant, notamment livrer de l’eau non potable... »
Fleury, comme un symbole
Laurent Lucaud tient un discours similaire, évoquant « un vrai risque de rupture du service public dès le mois de septembre ». Le vice-président de Grand Poitiers en charge de l’Eau et de l’Assainissement s’appuie sur des chiffres. « La source de Fleury continue de baisser, on est rendu à 270m3/heure au lieu de 450m3/heure en année normale, confirme Céline Lelard, responsable du pôle production eau potable de la collectivité. En 2005, notre année de référence, nous étions descendus à 300m3/heure. » Quand on sait que le captage de Fleury alimente 60 000 habitants... Car même si la consommation s’est stabilisée autour de 21 500m3 par jour en août (sur les 13 communes de l'ancienne agglo), le retour des vacanciers et des étudiants va mécaniquement peser sur les ressources. « Il n’y a pas beaucoup de marges, embraie l’élu. Nous devons à la fois jouer sur l’interconnexion des réseaux, mélanger les eaux (du Clain et des nappes, ndlr), appeler nos concitoyens à la vigilance et prioriser les usages. »
« Sous le signe de la sobriété »
« Il faut que la rentrée soit placée sous le signe de la sobriété, prévient de son côté Yves Kocher. Les pluies actuelles n’ont aucun effet sur les nappes, qui ne se rechargeront qu’à l’automne et cet hiver. » Autrement dit, il faut « tenir » encore quelques mois avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. La cellule de vigilance qui se réunit tous les mercredis en préfecture, avec tous les acteurs concernés, est vouée à gérer la pénurie.
1 300. Selon la Fédération de pêche de la Vienne, il y aurait entre 1 300 et 1 500km de rivières sèches, en rupture écoulement ou en étiage sévère dans le département, soit 30% des cours d’eau. Les pêcheurs ont d’ailleurs renoncé aux sauvetages systématiques qui avaient cours jusqu’en 2019. « Les poissons sont trop stressés et on s’est rendu compte que le taux de mortalité atteignait 90% », observe Brice Nowosielski, chargé d’études à la Fédération. Les pêcheurs estiment qu’il faudra au minimum dix ans pour retrouver la biodiversité d’avant l’été 2022, ils dénoncent au passage la « mauvaise gestion de l’eau par l’Etat » au profit des agriculteurs irrigants.
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