La fête de la musique

Le Regard de la semaine est signé Ilham Bakal.

Le7.info

Le7.info

Ce mardi 21 juin et sa fête de la musique sonneraient presque le glas de la crise sanitaire. Fini les masques, le pass sanitaire, les vaccins dont l’opportunité culturelle et sociale « obligeait » la pratique. Fini les test PCR à tout va. J’aurais presque envie de crier un grand Youhou ! Et pourtant...

Malheureusement, une crise succède à une autre. On peut se balader à l’air libre, se réapproprier les terrasses, aller au cinéma sans se forcer à prendre une friandise pour s’épargner le masque. Mais la guerre en Ukraine et l’inflation qui en découle créent une nouvelle situation difficile, avec une baisse du pouvoir d’achat.

Nos denrées alimentaires en prennent un coup, nos factures d’énergie aussi. Jamais je n’aurais cru que le nouvel or serait la bouteille d’huile de tournesol. Impossible de se faire de bonnes frites belges maison ou de bons beignets marocains… Ah oui, au cas où vous ne le sauriez pas, les musulmans sont les nouveaux fauteurs de troubles. Ils auraient volé tous les stocks d’huile de tournesol pendant le ramadan… Si, si, c’est le P-DG Michel-Édouard Leclerc qui le dit (et CNews). Ce serait pour faire frire le mouton que nous n’avons jamais frit par ailleurs. Nous avons encore moins fait de beignets pendant le ramadan. Non, évidemment, ce ne sont surtout pas les grandes entreprises qui retiennent les stocks volontairement pour créer ce phénomène d’inflation. Non, encore une fois, ce sont les musulmans les fameux dindons de la farce de cette crise.

La famine bat son plein dans tout le Moyen-Orient, jusqu’à la Corne de l’Afrique et au Soudan, face à l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Les pays déjà touchés par la famine et la malnutrition, par les conflits armés sont encore plus frappés de plein fouet par cette nouvelle crise.

La fête nous la fera oublier un temps, mais nous aidera-t-elle à nous nourrir d’amour et d’eau fraîche, et jusqu’à quand ? Combien de temps les grandes entreprises vont-elles jouer à retenir les stocks sous prétexte de guerre en Ukraine ? Petit à petit, elles vont nous affamer à notre tour pour en tirer profit. Enfin, la reprise culturelle ne sera pas totalement joyeuse tant qu’une catégorie d’artistes ne sera pas plus sollicitée par les programmateurs-trices culturel-le-s : les femmes. 

CV express

 

Ancienne ingénieure informatique au CNRS dans l’aérospatiale pour devenir, au grand dam de ses parents immigrés marocains, saltimbanque en mode « couteau-suisse artistique », désireuse de parsemer des poussières d’étoiles plein les yeux en brûlant les planches, en dévorant les bibliothèques ou en se baladant de studios de musique en plateaux de tournage.

J'aime : la terre de mes grands-parents au Maroc, face à l’océan Atlantique, rêver et surprendre, les histoires de personnes banales qui font des choses incroyables, l’humour (marocain, ça va sans dire), faire rire les gens, les mélodies de mon mari, les câlins-poèmes de ma fille, mes moments en famille, de bons repas avec de bonnes personnes, les anecdotes de ma mère.

J'aime pas : l’injustice, les discriminations, toutes les violences, notamment celles faites aux enfants et contre les femmes, la pollution et ce salaud de plastique, la mauvaise foi, la manipulation et les psychopathes.

À lire aussi ...