Le ParcourSup du combattant

Alors que des dizaines de milliers de lycéens passent les épreuves finales du bac cette semaine, ParcourSup reste critiqué en tant qu’outil d’orientation sur ses critères d’évaluation des candidatures.

Romain Mudrak

Le7.info

La date du 2 juin était marquée d’une pierre blanche sur l’agenda de nombreux lycéens de Terminale. Admis ou non ? Les réponses des établissements d’enseignement supérieur sont tombées. Les candidats à l’entrée dans les filières universitaires ont reçu le précieux sésame rapidement. Enfin, dans la plupart des cas… Certaines sont tellement demandées qu’une procédure spéciale est en place (lire sur le7.info). Par ailleurs, le nombre croissant de bacheliers attendus devrait créer un nouveau goulot d’étranglement dans les facultés qui n’ont pas les moyens de pousser les murs. Reste que dans l’ensemble, les universités continuent d’accueillir un large public.

La situation diffère en revanche pour les prétendants à des formations sélectives. Là, le délai est susceptible d’être beaucoup plus long. « Ils se retrouvent sur liste d’attente, on leur dit que ça va se décanter mais c’est long et comme la hiérarchisation de leurs vœux n’est pas prise en compte, ils sont toujours en train d’attendre un autre choix, commente Christelle Fontaine, secrétaire académique adjointe du Snes-FSU. On remarque que certains valident en conséquence la première réponse positive même si ce n’est pas leur formation de prédilection. » 
Histoire d’assurer leur place.

« Tri social »

Juliette, 18 ans, a été obligée de repasser par ParcourSup pour changer de voie. Les réorientations sont également nombreuses sur cette plateforme. Sa première année de sociologie ne l’a pas convaincue. Son rêve ? 
Devenir orthophoniste. Elle a donc retenté sa chance dans douze écoles supérieures un peu partout en France. En vain. « Au bout de trois ou quatre jours, j’ai été acceptée dans la nouvelle licence de préparation au professorat des écoles à Camille-Guérin », poursuit la jeune femme. Toutefois, le mode de sélection lui a laissé un goût amer : « J’ai envoyé une lettre de motivation dans un format imposé. J’aurais préféré échanger avec des gens pour leur montrer mon enthousiasme. » Christelle Fontaine estime également que cette fameuse lettre de motivation « qui peut être rédigée par quelqu’un d’autre que le candidat » ainsi que les 
« engagements extrascolaires », 
de plus en plus demandés à l’entrée des formations, sont des outils de « tri social » 
puisqu’ils « n’offrent pas les mêmes chances à chacun ».

D’une manière générale, la combinaison de ParcourSup et de la réforme du lycée pose réellement problème aux opposants à la plateforme. « Les lycéens se présentent désormais avec des spécialités très différentes, les critères d’évaluation sont plus opaques. » Et quid de l’aide à l’orientation, « toujours inexistante en réalité au lycée » ? 
Les professeurs manquent de repères : « On ne peut plus rien dire de solide aux élèves sur leur orientation. » Pour toutes ces raisons, le Snes-FSU comme d’autres syndicats réclament la suppression de ParcourSup. En 2021, 586 élèves de Terminale (4%) ont eu recours à la Commission d’accès à l’enseignement supérieur du rectorat de Poitiers faute de solution.

Les Staps toujours aussi convoités
Les Staps attirent toujours autant de lycéens. La faculté de Sciences et techniques des activités physiques et sportives a concentré 2 697 vœux sur ParcourSup pour seulement 240 places à Poitiers (1 827 vœux pour 190 places à Angoulême). Ces candidats viennent de l’académie en règle général, le nombre de prétendants hors secteur de recrutement traditionnel diminue. L’équipe de direction a mis en place des « attendus » pour aider à l’orientation des lycéens. Elle les a fait évoluer après la mise en place de la réforme du lycée. Mais le choix entre les dossiers devrait être encore compliqué pour cette filière attractive qui ne peut pas pousser les murs pour accueillir davantage d’étudiants. « 48% des candidats ont validé leur choix dès la première semaine, Staps figurait dans leurs premiers vœux, ce qui démontre que ce n’est pas un choix par défaut », analyse Aurélien Pichon, directeur de la faculté de Poitiers.

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