Aujourd'hui
Le centre régional des pathologies du sommeil du CHU de Poitiers utilise les thérapies cognitivo-comportementales en groupe pour traiter les insomnies chroniques, une partie des affections dont souffrent ses patients. Avec des résultats probants.
Avant la pandémie, les insomnies chroniques concernaient un Français sur cinq. Ils sont aujourd'hui environ un sur trois à déclarer mal dormir et un sur dix souffrirait d'une insomnie sévère. Avec ses collègues du Centre Régional des pathologies du sommeil du CHU de Poitiers, l’un des premiers en France, le Dr Alexandra Stancu voit passer dans son service, au-delà des insomnies, tous les types des troubles du sommeil : hypersomnies, narcolepsies, troubles du rythme circadien veille, sommeil dont le décalage de phase et le travail posté, syndromes d’apnées du sommeil, des jambes sans repos... « Il y a beaucoup plus de demandes, les délais de rendez-vous sont plus longs », explique la praticienne hospitalière au service de neurophysiologie clinique. Entre 1 500 et 2 000 consultations sommeil sont réalisées tous les ans.
Les mécanismes de l'insomnie chronique, désormais bien connus, impliquent un état d’« hyperéveil ». Un événement de vie stressant est souvent déclencheur. Se développent ensuite des stratégies inadaptées pour améliorer le sommeil, par exemple un temps plus long passé au lit, une heure de lever plus tardive... Les inquiétudes à propos du sommeil déclenchent un cercle vicieux qui maintient l’insomnie à l’état chronique. Depuis plus de deux décennies, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) permettent de traiter l’insomnie chronique.
Plutôt « lit = sommeil »
Depuis trois ans, le CHU est l’un des deux centres français du sommeil à proposer un programme sous forme d’ateliers en groupe pour le traitement de l’insomnie chronique. Sur le versant cognitif de ces thérapies, il s'agit de déconstruire les pensées inadaptées vis-à-vis du sommeil, (comme « si je me couche plus tôt, je dormirai plus longtemps ») et aussi d’acquérir des connaissances du fonctionnement normal du sommeil et des mécanismes de l’insomnie, du propre profil du sommeil de chacun, ainsi que des bons réflexes d’hygiène du sommeil. Sur le volet comportemental, la restriction du temps passé au lit, le renforcement de l’association « lit = sommeil » au lieu de « lit = insomnie ». Au cours des ateliers, les patients expérimentent aussi diverses techniques visant à réduire l’état d’« hyperéveil », comme la relaxation et la visualisation mentale, ainsi que l’hypnose pour le sommeil et des autres méthodes plus récentes.
Ce programme en groupe (entre 6 à 8 personnes), constitué désormais de trois séances, permet d’obtenir de très bons résultats, avec une efficacité supérieure à 80% pour le traitement de l’insomnie chronique. D'abord parce qu'elles permettent de « relativiser les choses » pour les patients. Ensuite parce que la « dynamique collective » de groupe permet un surcroît de motivation pour appliquer les méthodes et casser le cercle vicieux de l’insomnie chronique. Enfin parce que les insomnies ne sont pas une fatalité. « Malheureusement, certains patients consultent une fois à la retraite, après avoir pris des somnifères pendant des années, tandis que l’insomnie chronique a un impact important sur la qualité de vie, sur la santé mentale et physique, et les solutions sans médicaments sont maintenant disponibles et très efficaces », avance Alexandra Stancu. Conclusion : il n'y pas d'âge pour bien dormir ! Il en sera question mardi 14 juin, à partir de 19h, au Théâtre-auditorium de Poitiers, avec la conférence organisée par France Info, en partenariat avec Le 7. Le thème du soir ? Le sommeil évidemment !
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