Un marché à l’image de Poitiers

A en croire les études et pseudo-sondages diffusés ces derniers mois, Poitiers est la ville où il fait bon étudier, télétravailler, investir… Sur le marché de l’immobilier, les conséquences de cette notoriété sont diverses.

Claire Brugier

Le7.info

Dans une étude publiée en février dernier, Le Parisien classait Poitiers à la première place des villes où il fait bon télétravailler. L’article débutait ainsi : « Olivier, 60 ans, attend sur le quai. Il est 8h20 en gare de Poitiers (Vienne) et il s’apprête à prendre le dernier train du début de matinée en direction de Paris. Heure d’arrivée à Montparnasse : 09h58. Enseignant-chercheur, c’est presque devenu une routine : il va au travail… en TGV. » Le cas d’Olivier n’est pas original. Le message porté par des études sérieuses et de pseudo-sondages « sponsorisés » selon lequel Poitiers est une ville où il fait bon travailler, étudier (12e ville au classement 2021-2022 de L’Etudiant), investir et plus globalement vivre reçoit un écho certain. Le marché immobilier s’en ressent. « On observe une forte hausse des demandes de la part de Parisiens, de Bordelais, de Nantais, qui fuient les grandes villes depuis le Covid et le développement du télétravail, constate Thierry Emelina (Expertimmo). Mais leurs recherches portent surtout sur les alentours. » 
Les critères avancés trahissent la volonté de télétravailler. « On a des questions qui reviennent sur le wi-fi, la fibre… », souligne Didier Mesmin (Dr House).

Pour peu qu’ils aient vendu un bien dans une ville où le mètre carré vaut très cher, ces acheteurs venus d’ailleurs ont une capacité de financement souvent conséquente qui les porte naturellement vers « de plus gros biens, à 350 000€ et plus », précise Stéphane Roy (Agence du Palais). Résultat : « Au-dessus de 500 000€, on n’a plus de biens à vendre », reprend Thierry Emelina.

Retour à la « normale »

Malgré tout, « on revient à un marché plus classique, assure Eric Hanin (Déclic Immo 86). L’an dernier, les acquéreurs achetaient tout ce qu’ils trouvaient, même à un prix exorbitant, aujourd’hui ils veulent acheter au prix du marché, ils négocient davantage. » Malheureusement, les vendeurs sont parfois restés sur des tarifs de surcote. « On a beau leur dire que leur maison ne vaut pas tant, ils veulent la vendre plus cher. Sur un bien à 
140 000€, cela peut aller jusqu’à 
45 000€. »

Les promoteurs aussi ont vu dans cette notoriété de la ville de vraies opportunités, en témoignent les projets qui fleurissent ici et là (Le 7 n°557). Concernant les logements étudiants, la municipalité a mis le holà. Lisa Belluco, élue à l’Urbanisme et au Foncier, confiait récemment écarter depuis un an et demi tous les projets de résidence étudiante portés par des promoteurs. Reste que les particuliers, eux, continuent d’investir sur ce marché porteur, en important de Paris ou Bordeaux certaines pratiques. Ainsi la colocation se développe-t-elle. « Jusqu’à présent, à Poitiers, on n’avait pas la culture de l’auberge espagnole, qui existe dans les grandes villes où les loyers sont très élevés », note Stéphane Roy. « On aide les propriétaires à adapter leurs logements en ce sens. On est souvent sur un niveau de gamme assez haut, confirme Baptiste Audonnet (Bed&School). Globalement, l’ensemble du parc de logements étudiants est en augmentation mais aussi en amélioration, avec une mise au goût du jour des appartements vieillissants. » A l’évidence, 
« Poitiers est coté auprès des investisseurs, assure Didier Mesmin. Et puis avec une rentabilité de 6 à 8%, la pierre est un placement intéressant. »

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