Les urgences 
à bout de souffle

Les fermetures répétées des urgences de l’hôpital de Montmorillon trahissent le manque de médecins qui affecte les quatre sites du CHU de Poitiers. Et l’horizon n’est guère plus dégagé sur les prochains mois, voire années…

Claire Brugier

Le7.info

Un en mars, quatre en avril, six en mai, et déjà un annoncé en juin (vendredi)... Chaque mois apporte au service des urgences de l’hôpital de Montmorillon son lot de jours de fermeture. « Il nous faudrait 60 médecins pour les quatre sites du CHU, or nous n’en avons que 41, déplore le 
Pr Olivier Mimoz. Avec un tiers des effectifs en moins, et quelques intérimaires, nous n’avons fermé que de manière sporadique, cela tient quasiment du miracle ! » Le chef des urgences du CHU ne le cache pas, d’autres jours de fermeture vont suivre « jusque fin octobre ». 
Ils affecteront Montmorillon et le centre de soins non programmés de Loudun. Pourquoi pas Poitiers ou Châtellerault ? 
Les urgences ont enregistré 
62 578 passages à la Milétrie en 2021 (dont 16 849 urgences pédiatriques), 23 000 à Châtellerault, mais « seulement » 
8 678 à Montmorillon et 
7 084 à Loudun… Une partie de la réponse est donc dans ces chiffres. Une partie seulement. « Les urgences de Montmorillon n’ont plus de médecin, Loudun en a un, rappelle le Pr Mimoz. Si nous n’avions pas mis en place une équipe territoriale qui alimente les quatre sites (ndlr, en 2020), nous aurions dû fermer définitivement les urgences de Montmorillon. Et puis, cela se voit moins mais nous avons fermé deux lignes à Poitiers et une à Châtellerault. »

« On a dépassé 
l’état de catastrophe »

Evidemment, la situation n’est pas satisfaisante. Elle n’est pas non plus propre à la Vienne. Et avec la période estivale qui arrive… « J’ai demandé à certains personnels de déplacer leurs congés, confie le chef de service. En cas de fermeture, nous allons mettre en place une procédure d’admission directe, qui permet aux médecins généralistes de faire hospitaliser directement le patient dans le service. » L’objectif est clair : tenir jusqu’à l’arrivée des douze « docteurs juniors » qui seront en fin de cursus en novembre.

En attendant, « tout va se regrouper sur Poitiers, analyse Sandrine Bouichou, de la Coordination nationale interprofessionnelle (CNI). Or, il y a peu de lits d’aval pour assurer l’hospitalisation des patients car il y a un gros manque de personnels paramédicaux. Cela devient de plus en plus compliqué pour les soignants. On a l’habitude de dire que le pire est à venir, mais là on a dépassé l’état de catastrophe. »

Des Journées 
thématiques en octobre

Jusqu’à présent, le service de régulation du 15 n’a, selon la direction de la communication du CHU, « pas observé de phénomène particulier ». Il est et doit être la porte d’entrée privilégiée des urgences. Mais « à Loudun, nous sommes dans un désert médical très prononcé, explique Nathalie Boisleve, infirmière au centre de soins non programmés. Les gens viennent souvent directement, parfois aussi pour éviter le coût d’une consultation. » 

Les Journées thématiques interactives, organisées du 5 au 
7 octobre au palais des congrès du Futuroscope autour de la médecine d’urgence, ne pouvaient pas mieux tomber. « L’objectif est d’inventer, d’échanger et d’écrire les fondements de la Médecine d’urgence des années 2030 à 2050 autour des thématiques essentielles que sont la régulation de demain et les urgences du futur », souligne le Dr Mathieu Violeau, président du Collège de médecine d’urgence du Poitou-Charentes. L’idée est d’ouvrir l’hôpital aux startups, au monde de l’innovation et de l’intelligence artificielle. On pourrait par exemple détecter la gravité d’un appel en fonction des modulations de la voix, des arguments… »

Crédit : CNI86.

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