Les étudiants se retrouvent à l’Agoraé

Depuis la fin janvier, l’Agoraé est ouverte sur le campus de l’université de Poitiers. Cette épicerie solidaire gérée par des étudiants a vocation à devenir un véritable lieu de vie comme il en existe ailleurs en France.

Gabrielle, la vingtaine, réapprovisionne les rayons avec les savons, shampoings et autres produits d’hygiène offerts par une association philanthrope de Poitiers. En deuxième année de Staps, elle gère avec d’autres étudiants l’Agoraé, l’épicerie solidaire de l’université. A l’aise, la jeune femme discute avec tous les bénéficiaires. « J’ai envie de donner du temps aux autres. Et puis j’aurais pu être à leur place si mes parents n’avaient pas suivi. » Le matin même, Gabrielle s’est rendue à la Banque alimentaire pour récupérer des fruits et légumes, des conserves, des pâtes et du riz. 
« Les journées sont longues mais c’est un vrai plaisir. » Assis près de sa collègue, Lewis partage les mêmes motivations : « Je suis aussi en Staps, je me destine à accompagner les seniors, les personnes handicapées à retrouver une activité physique adaptée. J’aime pouvoir aider les gens, les étudiants en particulier, à améliorer leur quotidien. »

Depuis la fin janvier, l’Agoraé est ouverte tous les mardis de 16h à 18h et les jeudis après-midi de 17h à 19h. Cet espace d’une trentaine de mètres carrés est situé sur le campus, près de la Maison des étudiants, dans le bâtiment A8. « Les bénéficiaires reçoivent un bon d’accès du service d’action sociale commun de l’université et du Crous », précise Aurélien Brossard, vice-président Etudiants de l’université. La plupart des produits sont gratuits. Mais lorsqu’ils sont achetés directement par l’Association fédérative des étudiants de Poitiers (Afep), qui gère les lieux, des tarifs réduits sont appliqués. Environ 10 à 30% de ceux pratiqués dans les commerces traditionnels. L’épicerie solidaire est évidemment réservée aux étudiants boursiers ayant du mal à boucler les fins de mois. « Et ils sont de plus en plus nombreux », constate Gabrielle. Autour de 350 cette année, soit une centaine de plus qu’en 2021 (le lieu existait déjà mais était géré par une autre association, l’Afev). « Economiquement, c’est très intéressant, j’ai payé 2€ pour un sac de courses complet, raconte Aïssa, en 5e année de médecine. En plus, les produits sont variés et j’habite à côté. »

Des afterworks 
après les cours

L’épicerie solidaire est essentielle pour beaucoup d’étudiants dans le besoin. Mais le concept de l’Agoraé est plus large. Il en existe déjà une trentaine en France. Comme à Reims dans la Marne. L’université pluridisciplinaire de la ville (22 000 étudiants) possède une taille relativement identique à celle de Poitiers. Et déjà deux Agoraé sur des campus distincts. « Ici, l’épicerie est associée à un véritable lieu de vie disposant de canapés, de tables pour discuter et de deux postes informatiques pour les étudiants qui n’en ont pas chez eux », détaille Matéo Mevizou, étudiant et président de la Fédération intercampus, qui emploie un salarié à temps plein sur cette action. Les Agoraé proposent des ateliers de cuisine ou de confection de produits d’hygiène, des ciné-débats ouverts à tous afin de « lutter contre l’exclusion sociale des étudiants précaires ». 
L’une des épiceries est implantée directement au sein d’une résidence universitaire, à deux pas d’un arrêt de bus. « L’important, c’est surtout de bien dynamiser le lieu avec des afterworks après les cours par exemple et de trouver des ambassadeurs qui parleront de l’Agoraé autour d’eux », 
conseille Matéo Mevizou. L’agrandissement de la structure poitevine passera d’abord par un déménagement. Où ? Impossible à dire pour l’instant. L’université est en attente d’un financement de la Région.