Les dons à l’épreuve de la crise

Hausse des prix du carburant, du gaz, des produits de consommation courante… Le contexte économique a-t-il placé des oursins dans les poches des Français ? Pas sûr, charge toutefois aux associations de savoir communiquer et varier les modes de dons.

Le7.info

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La Croix-Rouge est en quête de visibilité. Malgré sa notoriété, l’association humanitaire amplifie actuellement sa communication dans la Vienne. Ses « Journées nationales », déclinées localement du 14 au 
22 mai, doivent être l’occasion de recueillir de précieux dons pour soutenir des actions locales de solidarité (Vestiboutique, maraudes, centre d’hébergement d’urgence…). Car il y a urgence ! La Covid et ses confinements ont déjà perturbé les deux dernières quêtes. L’inflation à l’œuvre aujourd’hui pourrait sérieusement limiter la générosité des Français, surtout que l’association a déjà lancé un appel aux dons fin février pour aider les Ukrainiens en guerre. Alors pourquoi donner deux fois ? « Parce que l’argent collecté localement finance les œuvres dans leur ville, insiste Philippe Emal, bénévole de longue date qui a endossé la nouvelle fonction de responsable de la communication et du développement des ressources à la Croix-Rouge. Si vous donnez en bas de chez vous, vous aidez en bas de chez vous. » 43% des recettes locales viennent des dons, le solde est reversé par le national. Pour faire passer le message, les bénévoles seront sur les marchés des Couronneries, de Chauvigny, Montmorillon, Châtellerault et Civray (lire ci-dessous).

Dons sans contact

La mobilisation des dons passe par la communication. L’Eglise l’éprouve elle aussi, qui a vu le montant de ses ressources fondre pendant la crise en l’absence de messes, mariages et célébrations diverses. Seule exception, le Denier de l’Eglise est resté stable, avec 2,45M€ récoltés dans le diocèse de Poitiers en 2021. Mais l’économe Thierry Seguin reste prudent. « Chaque année, nous perdons entre 5 et 7% de donateurs. A ce jour, la hausse du don moyen compense l’érosion des donateurs mais il faut que l’église aille capter de nouveaux catholiques par la mission pastorale. » Le diocèse s’appuie aussi sur « le développement des outils numériques ». Les dons en ligne ont bondi de 7% à 13,85% entre 2018 et 2020. En 2021, ils représentaient encore 13,32%. 
« Les habitudes prises pendant le confinement semblent vouloir perdurer. »

Les Restos du cœur ont, eux, initié leur première collecte dématérialisée en 2021, sous la forme d’un code barre équivalent à 3€, à faire scanner en caisse lors de la collecte annuelle dans les grandes surfaces 
(89 tonnes récoltées en 2022). Cette année elle a rapporté environ 1 400€. « Cela doit surtout être l’occasion d’échanges, souligne la présidente Sylvie Moriceau. C’est pourquoi, pour la prochaine collecte, j’aimerais que l’on mobilise davantage de jeunes et qu’ils soient chargés d’expliquer ça. » Globalement, « on ressent plutôt une envie d’aider ». Un constat partagé à la Banque alimentaire par Annie Hecquet. Si elle déplore que les subventions des collectivités, à hauteur de 150 000€, se soient cantonnées à 2020, la présidente constate 
« de bonnes collectes en 2020 et 2021 ». « A partir de 2020, nous avons mis en place des collectes de dons en espèces aux caisses. Lors de la dernière, nous avons obtenu presque 20 000€. Cela nous permet ensuite de cibler les achats en fonction de nos besoins. » La dématérialisation s’invite donc partout, avec comme avantage une réduction d’impôt de 66% ou 75% du montant du don.

Claire Brugier - Romain Mudrak