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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Il est partout autour de nous. En forêt, au sol ou près d’une source d’eau… Pourtant, nous sommes peu nombreux à l’avoir observé de nos propres yeux. Et pour cause, celui que l’on appelle « ourson d’eau » ne mesure pas plus d’un demi-millimètre ! Lui, c’est le tardigrade, un petit animal rondouillard, rendu « célèbre » depuis qu’il a été envoyé… sur la Lune, en avril 2019.
Sa particularité ? « Il peut survivre dans des conditions environnementales extrêmes, répond Julie Jadeau. Il résiste à des températures allant de 150°C à -280°C, à des pressions deux fois plus importantes que ce que nous pouvons supporter et à des radiations très élevées… » Ses surprenantes capacités ont piqué la curiosité de l’étudiante et de quatre de ses camarades en master 2 de biologie à l’université de Poitiers. Le tardigrade sera le sujet de leur projet de recherche. « En s’attardant sur les dernières avancées, nous avons vu une possibilité de découverte importante, explique Coline Letourneur. On s’est dit : Pourquoi pas nous ? »
Les cinq étudiants s’intéressent principalement à la cryptobiose du tardigrade, qui permet à l’animal de mettre son métabolisme à l’arrêt, donc de survivre en milieu hostile. Jusqu’à trente ans dans cet état. Étonnant quand on sait que son espérance de vie se limite à deux ans maximum ! Leur idée serait d’appliquer la cryptobiose aux cellules humaines. Dans quel but ? Pour lever les contraintes de conservation d’un organe humain, entre deux greffes. Celle-ci ne serait alors plus seulement limitée à huit heures. Et comment comptent-ils s’y prendre ? Par une solution d’ARN messager, comme le vaccin contre la Covid-19. « Grâce à ça, il n’y a pas de modification génétique. »
En rêvant un peu de science-fiction, il pourrait être envisagé d’appliquer la cryptobiose à l’homme, ce qui pourrait lui permettre de faire des voyages spatiaux encore impossibles aujourd’hui, tout en échappant à de nombreuses contraintes techniques (comme un stock de nourriture limité). A l’origine, l’équipe poitevine comptait défendre son projet dans le cadre du prestigieux concours scientifique iGEM. Faute de financements -le ticket d’entrée est fixé à 10 000€- et malgré la création d’une association (Tardiguardian), elle a dû jeter l’éponge. Mais une bonne nouvelle a rapidement suivi : leur projet a été intégré à une unité Inserm du CHU de Poitiers, où deux membres (Julian Miletti et Roxane Nseka) effectuent leur stage. « Un mal pour un bien, reconnaît Julie. C’est très gratifiant, ça veut dire qu’on ne marchait pas sur la tête. Et le CHU a du matériel qu’on n’aurait pas pu avoir à la fac. » Les premières transplantations devraient débuter le mois prochain. « On aura des résultats dès septembre qui nous permettront alors de valider la faisabilité du sujet. » A suivre.
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